Carmen  

La España tópica, es el escenario que Georges Bizet (París 1838-1875) eligió para Carmen, su ópera póstuma, basada en una breve historia de Próspero Mérimée, con libreto de Henry Meilhac y Ludovic Halévy.

El estreno de esta obra tuvo lugar en la Opera Cómica de París, el 3 de marzo de 1875, constituyendo un éxito, a pesar de que se haya difundido la falsa idea de su relativo fracaso. Fueron treinta y siete las representaciones que siguieron al estreno.

Carmen pertenece a "La Opera Comique" francesa tradicional, en la cual, arias y coros están entrelazados con diálogos hablados; un rasgo similar puede ser encontrado en los "singspiels" alemanes. Para la primera producción vienesa en octubre de 1875, meses después del fallecimiento del autor, un amigo de este, Ernest Guiraud, reemplaza los diálogos por recitativos y suprime parte del texto, incluso altera la instrumentación e interpola un ballet, dando a la ópera un giro hacia "La Gran Opera" con su gran peso emocional. Sin embargo, esta transformación no desbancó a la versión original y hasta el día de hoy ambas siguen en vigencia.

Personajes
CARMEN

DON JOSÉ

MICAELA

ESCAMILLO

FRASQUITA

MERCEDES

ZÚÑIGA

MORALES

DANCAIRE

REMENDADO

ANDRÉS

LILAS PASTIA

Cigarrera

Cabo del Regimiento de Dragones de Alcalá

Amiga de la infancia de Don José

Torero de Granada

Cigarrera

Cigarrera

Teniente del Regimiento de Dragones de Alcalá

Cabo del Regimiento de Dragones de Alcalá

Contrabandista

Contrabandista

Oficial del Regimiento de Dragones de Alcalá

Posadero

Mezzosoprano

Tenor

Soprano

Bajo

Mezzosoprano

Mezzosoprano

Bajo

Barítono

Barítono

Tenor

Brítono

Personaje hablado

La acción se desarrolla en Sevilla, a mediados del siglo XVIII

PRELUDE


ACTE PREMIER


(Une place, à Séville. A droite, la porte 
de la manufacture de tabac. A gauche,
au premier plan, le corps de garde. Devant
le corps de garde, exhaussée de deux ou
trois marches; près du corps de garde, 
dans un râtelier, les lances des dragons
avec leurs banderoles jaunes et rouges.)

Scène Première

1. Introduction

(Au lever du rideau, une quinzaine de
soldats, Dragons du régiment d'Alcala, 
sont groupés devant le corps de garde. 
Les uns assis et fumant, les autres accoudés
sur le balustrade de la galerie. Mouvement
de passants sur la place. Des gens pressés,
affairés, vont, viennent, se rencontrent, se
saluent, se bousculent, etc.)

SOLDATS
Sur la place
chacun passe,
chacun vient, chacun va;
Drôles de gens que ces gens-là!

MORALÈS
A la porte du corps de garde,
pour tuer le temps,
on fume, on jase, l'on regarde
passer les passants.

SOLDATS 
Sur la place
chacun passe,
chacun vient, chacun va;
Drôles de gens que ces gens-là!

MORALÈS
Drôles de gens!

(Micaëla est entrée, hésitante, 
embarrassée, elle regarde les 
soldats avance, recule, etc.)

MORALÈS 
(aux soldats)
Regardez donc cette petite
qui semble vouloir nous parler...
Voyez! voyez!... elle tourne... elle hésite... 

SOLDATS
A son secours il faut aller! 

MORALÈS 
(à Micaëla, galamment)
Que cherchez-vous, la belle? 

MICAËLA
Moi, je cherche un brigadier. 

MORALÈS 
(avec emphase)
Je suis là...
Voilà! 

MICAËLA
Mon brigadier, à moi, s'appelle
Don José... le connaissez-vous? 

MORALÈS
Don José? 
Nous le connaissons tous. 

MICAËLA
(avec joie)
Vraiment! 
Est-il avec vous, je vous prie? 

MORALÈS 
Il n'est pas brigadier dans notre compagnie. 

MICAËLA
(désappointée)
Alors, il n'est pas là. 

MORALÈS
Non, ma charmante, il n'est pas là.
Mais tout à l'heure il y sera,
Il y sera quand la garde montante
remplacera la garde descendante, 

MORALÈS, SOLDATS
Il y sera quand la garde montante
remplacera la garde descendante. 

MORALÈS 
(très galant)
Mais en attendant qu'il vienne,
voulez-vous, la belle enfant,
voulez-vous prendre la peine
d'entrer chez nous un instant? 

MICAËLA
Chez vous? 

MORALÈS, SOLDATS
Chez nous! 

MICAËLA 
(finement)
Non pas, non pas,
grand merci, messieurs les soldats. 

MORALÈS
Entrez sans crainte, mignonne,
je vous promets qu'on aura,
pour votre chère personne,
tous les égards qu'il faudra. 

MICAËLA
Je n'en doute pas, cependant
je reviendrai, c'est plus prudent!
Je reviendrai quand la garde montante
remplacera la garde descendante,

MORALÈS, SOLDATS
Il faut rester, car la garde montante
va remplacer la garde descendante. 

MORALÈS 
(retenant Micaëla)
Vous resterez! 

MICAËLA 
(cherchant à se dégager)
Non pas, non pas! 

MORALÈS, SOLDATS
Vous resterez! 

MICAËLA
Non pas, non pas!
Au revoir, messieurs les soldats!

(Elle s'échappe et se sauve en courant)

MORALÈS
L'oiseau s'envole...
on s'en console!..
Reprenons notre passe-temps
et regardons passer les gens! 

SOLDATS
Sur la place
chacun passe,
chacun vient, chacun va;
Drôles de gens que ces gens-là!

MORALÈS
Drôles de gens!
PRELUDIO


ACTO PRIMERO


(Una plaza pública de la ciudad de
Sevilla. A la derecha, la puerta de la
Fábrica de Tabaco. A la izquierda, 
el cuerpo de guardia donde, Morales
y el resto de los soldados, descansan.
Las lanzas de los dragones, están
apoyadas en el muro.)

Escena Primera

1: Introducción

(junto al telón, una quincena 
de soldados, dragones del regimiento
de Alcalá, están en grupos frente 
al cuerpo de guardia; unos sentados
fumando, otros acodados en la
barandilla de la galería viendo
pasear a la gente que va y viene
animadamente.)

SOLDADOS
En la plaza,
gente pasa,
unos vienen, otros van:
¡Qué gente tan curiosa pasa por acá!

MORALES
A la puerta del cuerpo de guardia
para el tiempo matar,
fumamos, hablamos
y miramos la gente pasar.

SOLDADOS
En la plaza,
gente pasa,
va y viene:
¡Qué gente tan extraña pasa por acá!

MORALES
¡Qué gente tan extraña!

(Aparece Micaela; temerosa mira a
los soldados y se aproxima a ellos,
pero arrepentida, da un paso atrás)

MORALES
(a los soldados)
Mirad esa preciosa y joven criatura
que parece querer hablarnos...
¡Mirad... se vuelve... vacila!

SOLDADOS
¡Debemos ayudarla!

MORALES
(a Micaela con galantería)
¿A quién buscas, querida?

MICAELA
Estoy buscando a un cabo...

MORALES
(con énfasis)
¡Ese soy yo!... 
¡Aquí me tienes!

MICAELA
El cabo que busco se llama 
Don José... ¿lo conoce usted?

MORALES
¿Don José?
Todos lo conocemos.

MICAELA
(alegre)
¿Es cierto? 
¿Esta él con usted, si se puede saber?

MORALES
El no es cabo de nuestra compañía.

MICAELA
(decepcionada)
Entonces, él no esta aquí.

MORALES
No, cariño, él no esta;
pero vendrá pronto.
Vendrá con la guardia entrante
que nos relevará a nosotros.

MORALES, SOLDADOS
Vendrá con la guardia entrante
que nos relevará a nosotros.

MORALES
(muy galante)
Pero, mientras tanto él viene,
quisieras tú, mi pequeña niña,
¿quisieras tú venir 
y compartir un rato con nosotros?

MICAELA
¿Con ustedes?

MORALES, SOLDADOS
¡Con nosotros!

MICAELA
(con educación)
No, no,
muchas gracias, señores soldados.

MORALES
Ven y no temas, dulce niña,
te prometo que
serás tratada
con el mayor respeto posible.

MICAELA
No lo dudo, pero regresaré más tarde,
es lo más prudente.
Regresaré cuando la guardia entrante
venga a relevaros.

MORALES, SOLDADOS
Quédate, pues la guardia entrante
ya viene a relevarnos.

MORALES
(reteniendo a Micaela)
¡Tienes que quedarte!

MICAELA
(tratando de escapar)
¡No, no!

MORALES, SOLDADOS
¡Tienes que quedarte!

MICAELA
¡No, no!...
¡Adiós, señores soldados!

(Micaela sale corriendo de la escena)

MORALES
El pájaro ha volado,
consolémonos retomando entonces,
nuestro antiguo pasatiempo
de mirar a la gente que pasa.

SOLDADOS
En la plaza,
gente pasa,
unos vienen, otros van:
¡qué gente tan curiosa pasa por acá!

MORALES
¡Qué gente tan curiosa!
Scène Seconde

2 Marche et Choeur des Gamins

(clairon de loin derrière la scène. 
Les passants forment un groupe 
pour assister à la parade. De petits 
gamins entrent en courant de tous 
les côtés. La garde montante paraît: 
deux fifres et un clairon d'abord, puis
Zuniga, Don José et les soldats de la 
garde montante)

GAMINS
Avec la garde montante
nous arrivons, nous voilà!
Sonne, trompette éclatante!
Ta ra ta ta ta ra ta ta.
Nous marchons, la tête haute
comme de petits soldats,
marquant, sans faire de faute,
une,... deux,... marquant le pas.
Les épaules en arrière
et la poitrine en dehors,
les bras de cette manière,
tombant tout le long du corps.
Avec la garde montante
nous arrivons, nous voilà!
Sonne, trompette éclatante!
Ta ra ta ta ta ra ta ta....

(la garde montante va se ranger 
en face de la garde descendante)

ZUNIGA 
Halte! Repos! 

MORALÈS 
(à don José)
Il y a une jolie fille 
qui est venue te demander. 
Elle a dit qu'elle reviendrait... 

DON JOSÉ
Une jolie fille?.. 

MORALÈS
Oui, et gentiment habillée: 
une jupe bleue, 
des nattes tombant sur les épaules... 

DON JOSÉ
C'est Micaëla! 
Ce ne peut être que Micaëla. 

MORALÈS
Elle n'a pas dit son nom. 

ZUNIGA
Allons! allons! 

(Les factionnaires sont relevés. 
Départ de la garde descendante)

GAMINS
Et la garde descendante
rentre chez elle et s'en va.
Sonne, trompette éclatante!
Ta ra ta ta ta ra ta ta.
Nous marchons, la tête haute
comme de petits soldats,
marquant, sans faire de faute,
une,... deux,... marquant le pas.
Les épaules en arrière
et la poitrine en dehors,
les bras de cette manière,
tombant tout le long du corps.
Oui, la garde descendante
rentre chez elle et s'en va.
Sonne, trompette éclatante!
Ta ra ta ta ta ra ta ta.

(Soldats, gamins, et curieux s'éloignent par
le fond. Le lieutenant autorise ses soldats à
rompre les rangs; puis ils rentrent dans le
corps de garde. Don José et Zuniga restent
seuls en scène.) 

Scène Troisième

ZUNIGA
Dites-moi, brigadier? 
Qu'est-ce que c'est que ce grand bâtiment?

DON JOSÉ
C'est la manufacture de tabacs.

ZUNIGA
Ce sont des femmes qui travaillent là?.. 

DON JOSÉ 
Oui, mon lieutenant...

ZUNIGA
Il y en a de jeunes?... Et de jolies? 

DON JOSÉ
Je ne sais pas, mon lieutenant. 

ZUNIGA
¡Brave!...

DON JOSÉ
C'est vrai. 
Ces Andalouses me font peur. 

ZUNIGA
Et puis nous avons un faible 
pour les jupes bleues...

DON JOSÉ 
(riant)
Ah! mon lieutenant a entendu 
ce que me disait Moralès?.. 

ZUNIGA
Oui... Et quel âge a-t-elle, 
la petite Micaëla?.. 

DON JOSÉ
Dix-sept ans... 

ZUNIGA
Je le comprends maintenant...

3. Choeur et Scène

(La cloche de la manufacture 
se fait entendre.)

Scène Quatrième

DON JOSÉ
Voici la cloche qui sonne, mon lieutenant, 
et vous allez pouvoir juger 
par vous-même... 

(La place se remplit de jeunes gens qui
viennent se placer sur le passage des
cigarières. Les soldats sortent du poste.
Don José s'assied sur une chaise, et reste 
là fort indiffèrent à toutes ces allées et
venues, travaillant à son épinglette. La
cloche cesse.) 

JEUNES GENS 
La cloche a sonné. 
Nous, des ouvrières,
nous venons ici guetter le retour;
et nous vous suivrons, 
brunes cigarières,
en vous murmurant 
des propos d'amour,

(A ce moment paraissent les cigarières, la
cigarette aux lèvres. Elles passent sous le
pont et descendent lentement en scène.)

SOLDATS
Voyez-les! regards impudents,
mine coquette!
Fumant toutes, du bout des dents,
la cigarette. 

CIGARIÈRES
Dans l'air, nous suivons des yeux
la fumée,
qui vers les cieux
monte, 
monte parfumée.
Cela monte gentiment
à la tête,
tout doucement 
cela vous met l'âme en fête!
Le doux parler des amants
C'est fumée!
leurs transports et leur serments,
C'est fumée!
Dans l'air, nous suivons
la fumée 
qui monte
en tournant vers les cieux!
La fumée, ah!

JEUNES GENS
(aux cigarières)
Sans faire les cruelles,
écoutez-nous les belles,
ô vous que nous adorons,
que nous idolâtrons!

CIGARIÈRES 
(reprennent en riant)
Le doux parler 
des amants
et leurs transports 
et leur serments, c'est fumée,
nous suivons la fumée qui 
en tournant vers les cieux!
La fumée!

JEUNES GENS
O vous que nous aimons, 
écoutez-nous les belles!

Scène Cinquième

Les SOLDATS
Mais nous ne voyons pas la Carmencita! 

(Entrée de Carmen)

JEUNES GENS
La voilà! 

SOLDATS
La voilà! 

TOUS
La voilà
voilà la Carmencita! 

(Carmen a un bouquet de cassie à son
corsage et une fleur de cassie dans le 
coin de la bouche. Trois ou quatre jeunes
gens entrent avec Carmen. Ils la suivent,
l'entourent, lui parlent. Elle minaude et
caquette avec eux. Don José lève la tête. Il
regarde Carmen, puis se remet à travailler
à son épinglette. 

JEUNES GENS
(entrés avec Carmen)
Carmen! sur tes pas 
nous nous pressons tous!
Carmen! sois gentille, 
au moins réponds-nous,
et dis-nous quel jour tu nous aimeras!

CARMEN
(les regardant gaiement)
Quand je vous aimerai? 
Ma foi, je ne sais pas...
Peut-être jamais!.. peut-être demain!..
Mais pas aujourd'hui... c'est certain. 

4. Havanaise

CARMEN, CHOEUR
L'amour est un oiseau rebelle
que nul ne peut apprivoiser,
et c'est bien en vain qu'on l'appelle,
s'il lui convient de refuser!
Rien n'y fait, menace ou prière,
l'un parle bien, 
l'autre se tait;
et c'est l'autre que je préfère,
il n'a rien dit, mais il me plaît. 
L'amour! l'amour!
L'amour est enfant de Bohème,
il n'a jamais, jamais connu de loi,
si tu ne m'aimes pas, je t'aime,
si je t'aime, prends garde à toi!...
L'oiseau que tu croyais surprendre
battit de l'aile et s'envola...
l'amour est loin, tu peux l'attendre,
tu ne l'attends plus,... il est là...
Tout autour de toi, vite, vite,
il vient, s'en va, puis il revient...
tu crois le tenir, il t'évite,
tu crois l'éviter, il te tient!
l'amour! l'amour! 
  
Escena Segunda

2: Marcha y Coro de Golfillos

(clarín distante, al que contesta 
una trompeta desde la orquesta,
anunciando la llegada del relevo. 
Los niños corren por todos lados. 
La guardia entrante llega a la plaza:
delante, dos flautines y un clarín,
seguidos por Zúñiga, Don José y 
los soldados.)

GOLFILLOS
Si la guardia llega, nosotros también:
¡Aquí estamos!
¡Suena, trompeta estridente:
ta ra ta ta, ta ra ta ta!
Marchamos con la cabeza erguida,
como pequeños soldados,
marcando el paso sin equivocarnos,
uno,... dos,... marcando el paso.
Los hombros para atrás
y nuestro pecho para afuera
con los brazos cayendo rectos
a los lados del cuerpo.
Si la guardia llega, nosotros también:
¡Aquí estamos!
¡Suena, trompeta estridente:
ta ra ta ta, ta ra ta ta!...

(la guardia entrante forma 
frente a la saliente)

ZÚÑIGA
¡Alto! ¡Descanso!

MORALES 
(a Don José)
Una hermosa muchacha 
vino y pregunto por ti.
Dijo que volvería...

DON JOSÉ
¿Una hermosa muchacha?...

MORALES
Sí, muy graciosamente vestida: 
un vestido azul y trenzas
sobre sus hombros...

DON JOSÉ
¡Es Micaela! 
No puede ser más que ella.

MORALES
No dijo su nombre.

ZÚÑIGA
¡Vamos, vamos!

(Los centinelas han sido relevados
y la guardia saliente se retira)

GOLFILLOS
Ahora, la guardia relevada
ya se va, hacia el cuartel.
¡Suena, trompeta estridente:
ta ra ta ta, ta ra ta ta!
Marchamos con la cabeza erguida,
como pequeños soldados,
marcando el paso sin equivocarnos,
uno,... dos,... marcando el paso.
Los hombros para atrás
y nuestro pecho para afuera
con los brazos cayendo rectos
a los lados del cuerpo.
Ahora, la guardia relevada
ya se va, hacia el cuartel.
¡Suena, trompeta estridente:
ta ra ta ta, ta ra ta ta!

(gamines y público se alejan por el
fondo. El teniente autoriza a romper
filas, los soldados entran en el cuerpo
de guardia. Quedan en escena
solamente Zúñiga y Don José)

Escena Tercera

ZÚÑIGA
Dígame, cabo: 
¿Qué es este gran edificio?

DON JOSÉ
Es la Fábrica de Tabaco.

ZÚÑIGA
¿Son mujeres las que trabajan acá?

DON JOSÉ
Sí, mi teniente...

ZÚÑIGA
Y... ¿las hay jóvenes y bellas?

DON JOSÉ
No lo sé, mi teniente.

ZÚÑIGA
¡No lo creo...!

DON JOSÉ
Es cierto. 
Estas andaluzas me dan miedo.

ZÚÑIGA
Sin embargo veo que siente debilidad
por los vestidos azules...

DON JOSÉ
(riendo)
Mi teniente ¿ha escuchado 
lo que me dijo Morales?...

ZÚÑIGA
Si, y... ¿cuántos años tiene ella, 
la pequeña Micaela?

DON JOSÉ
Diecisiete...

ZÚÑIGA
¡Ahora lo comprendo!...

3: Coro y Escena

(La campana de la Fábrica 
comienza a sonar)

Escena Cuarta

DON JOSÉ
La campana suena, mi teniente.
Ahora podrá ver y juzgar 
por sí mismo...

(Un grupo de jóvenes muchachos
entra en escena a esperar la salida 
de las cigarreras. Los soldados
también salen del cuartel. Don José
permanece sentado ocupándose de su
fusil e indiferente a todo lo demás. La
campana deja de sonar)

MUCHACHOS
La campana ha sonado. 
Venimos a esperar la salida 
de las mujeres de la fábrica.
¡Y os seguiremos, 
morenas cigarreras,
susurrándoos 
palabras de amor!

(Las cigarreras, muchas de ellas
fumando, salen de la fábrica y
lentamente bajan a la plaza.)

SOLDADOS
¡Mírenlas! Sus insolentes miradas...
Sus coqueterías...
Cada una, descarada, 
fuma un cigarro.

CIGARRERAS
Con la mirada seguimos
el humo
que por el aire
asciende al cielo
y lo perfuma gratamente.
¡Se sube placenteramente
a nuestras cabezas,
filtrándose muy gentil,
en nuestras almas con alegría!
El dulce hablar de los amantes,
¡es humo!
Sus promesas y éxtasis,
¡son humo!
Con la mirada seguimos
el humo
que por el aire
asciende al cielo
¡El humo, ah!

MUCHACHOS
(a las cigarreras)
No seáis crueles,
escuchadnos , hermosas:
¡Nosotros os adoramos,
os idolatramos!

CIGARRERAS
(riendo)
El dulce hablar 
de los amantes,
sus promesas y éxtasis,
¡todo es humo!
¡Con la mirada seguimos el humo
que por el aire asciende al cielo!
¡El humo!

MUCHACHOS
Os amamos,
escuchadnos... ¡hermosas!

Escena Quinta

SOLDADOS
Pero, ¿dónde está Carmencita?

(Entra Carmen)

MUCHACHOS
¡Aquí está!

LOS SOLDADOS
¡Aquí está!

TODOS
¡Aquí está!
¡Aquí está Carmencita!

(Carmen lleva un ramo de flores
en su blusa y otra en la boca. Tres 
o cuatro jóvenes vienen con ella.
Ellos la siguen, la rodean, le hablan.
Carmen coquetea con ellos. Don 
José levante la cabeza, mira a 
Carmen y continúa limpiando su
arma)

MUCHACHOS
(alrededor de Carmen)
¡Carmen! Mira como
no s agolpamos a tu alrededor,
¡Carmen, sé gentil, 
al menos contéstanos,
y dinos cuando nos amarás!

CARMEN
(los mira y se ríe)
¿Cuando os amaré? 
Dios mío, ¡no lo sé!
Quizás nunca... ¡quizás mañana!
Pero, no hoy, ¡eso es seguro!

4: Habanera

CARMEN, CORO
El amor es un pájaro rebelde,
que nadie lo puede enjaular,
y es inútil llamarlo
si él no quiere contestar.
De nada sirven amenazas o rezos,
uno dice cosas bonitas, 
el otro se calla;
y es al otro a quien yo prefiero,
él no dice nada, pero me gusta igual.
¡El amor! ¡El amor!...
El amor es un gitanillo,
que nunca conoció ley alguna,
si tú no me amas, yo te amo,
y si yo te amo, ¡Ten cuidado!...
El pájaro que creíste sorprender
batió sus alas y voló lejos...
Si tratas de cazarlo, el amor se va,
mas si no lo intentas, él retornará.
Vuela a tu alrededor, rápidamente
viene y va, luego vuelve;
si piensas que lo agarraste, él te evita,
si piensas que escapaste, él te tendrá.
¡El amor! ¡El amor!...
  

Scène Sixième

5. Scène

JEUNES GENS
Carmen! sur tes pas 
nous nous pressons tous!
Carmen! sois gentille, 
au moins réponds-nous!

(Moment de silence. Les jeunes gens
entourent Carmen, celle-ci les regarde 
l'un après l'autre, sort du cercle qu'ils 
forment autour d'elle et s'en va droit à 
don José, qui est toujours occupé de son
épinglette. Elle arrache de son corsage 
la fleur de cassie et la lance à don José. 
Il se lève brusquement.)

CIGARIÈRES
(riant entre elles)
L'amour est enfant de Bohème,
il n'a jamais connu de loi,
si tu ne m'aimes pas, je t'aime,
si je t'aime, 
prends garde à toi! 

(Eclat de rire général; la cloche de 
la manufacture sonne une deuxième 
fois. Sortie des ouvrières. Carmen 
sort la première en courant et elle 
entre dans la manufacture. Les jeunes 
gens sortent à droite et à gauche. Le
lieutenant qui bavardait avec deux ou 
trois ouvrières, les quitte et rentre dans 
le poste après que les soldats y sont 
rentrés. Don José reste seul.)

DON JOSÉ
Quelle effronterie!..

(Il ramasse la fleur)

Cette fleur ça m'a fait l'effet 
d'une balle qui m'arrivait...
certainement s'il y a des sorcières, 
cette fille-là en est une.

(Entre Micaëla.)

Scène Septième

MICAËLA
José!

DON JOSÉ
(cachant précipitamment la fleur de cassie)
Micaëla!.. c'est toi... 

MICAËLA
C'est moi!...
C'est votre mère qui m'envoie... 

6. Duo

DON JOSÉ
(ému)
Parle-moi de ma mère! 

MICAËLA 
J'apporte de sa part, fidèle messagère,
cette lettre... 

DON JOSÉ 
(joyeux, regardant la lettre)
Une lettre! 

MICAËLA
Et puis un peu d'argent,

(Elle lui remet une petite bourse)

pour ajouter à votre traitement.

(hésitant)

Et puis...

DON JOSÉ
Et puis?... 

MICAËLA
Et puis... vraiment je n'ose...
Et puis... encore une autre chose
qui vaut mieux que l'argent! 
et qui, pour un bon fils
aura sans doute plus de prix. 

DON JOSÉ
Cette autre chose, quelle est-elle?
Parle donc... 

MICAËLA
Oui, je parlerai.
Ce que l'on m'a donné, 
je vous le donnerai.
Votre mère avec moi sortait de la chapelle,
et c'est alors qu'en m'embrassant:

"Tu vas, m'a-t-elle dit, 
t'en aller à la ville;
la route n'est pas longue; 
une fois à Séville,
tu chercheras mon fils,
mon José, mon enfant!...
Et tu lui diras que sa mère
songe nuit et jour à l'absent...
qu'elle regrette et qu'elle espère,
qu'elle pardonne et qu'elle attend.
tout cela, n'est-ce pas, mignonne,
de ma part tu le lui diras;
et ce baiser que je te donne,
de ma part tu le lui rendras."

DON JOSÉ 
(très ému)
Un baiser de ma mère? 

MICAËLA
Un baiser pour son fils!... 
José, je vous le rends 
comme je l'ai promis! 

(elle donne à José un baiser bien franc)

DON JOSÉ 
Ma mère, je la vois!.. 
oui, je revois mon village!
O souvenirs d'autrefois! 
doux souvenirs du pays!
Vous remplissez mon coeur 
de force et de courage!
O souvenirs chéris! 
Souvenirs d'autrefois! 
Souvenirs du pays!

MICAËLA
Sa mère, il la revoit! 
Il revoit son village!
O souvenirs d'autrefois! 
Souvenirs du pays!
Vous remplissez son coeur 
de force et de courage!
O souvenirs chéris! 

DON JOSÉ 
(à lui même)
Qui sait de quel démon 
j'allais être la proie!
Même de loin, 
ma mère me défend,
et ce baiser qu'elle m'envoie,
écarte le péril 
et sauve son enfant! 

MICAËLA 
Quel démon? quel péril? 
je ne comprends pas bien...
Que veut dire cela? 

DON JOSÉ
Rien! rien!
Parlons de toi, la messagère;
Tu vas retourner au pays? 

MICAËLA
Oui, ce soir même... 
demain je verrai votre mère. 

DON JOSÉ
Tu la verras! 
Eh bien! tu lui diras:

"Que son fils l'aime et la vénère
et qu'il se repent aujourd'hui.
Il veut que là-bas sa mère
soit contente de lui!"

Tout cela, 
n'est-ce pas, mignonne,
de ma part, tu le lui diras!
Et ce baiser que je te donne,
de ma part, tu le lui rendras!

(Il l'embrasse)

MICAËLA 
Oui, je vous le promets... 
de la part de son fils,
José, je le rendrai, comme je l'ai promis. 

DON JOSÉ
Ma mère, je la vois!.. 
oui, je revois mon village!
O souvenirs d'autrefois! 
doux souvenirs du pays!
O souvenirs chéris!
Vous remplissez mon coeur 
de force et de courage!
O souvenirs chéris! 
Vous me rendez tout mon courage
ô souvenirs du pays!

MICAËLA
Sa mère, il la revoit! 
Il revoit son village!
| O souvenirs d'autrefois! 
Souvenirs du pays!
Vous remplissez son coeur 
de force et de courage!
O souvenirs chéris! 
Vous lui rendez tout son courage
Ô souvenirs du pays!

DON JOSÉ
Attends un peu maintenant... 
je vais lire sa lettre... 

MICAËLA
Non pas, lisez d'abord,
Et puis je reviendrai... 

(elle sort)

DON JOSÉ 
(lit la lettre en silence)
Ne crains rien
ma mère,
ton fils t'obéira,
fera ce que tu lui dis;
j'aime Micaëla,
je la prendrai pour femme,
quant à tes fleurs, sorcière infâme!
  

Escena Sexta

5: Escena

MUCHACHOS
¡Carmen! 
¡Mira como te rodeamos!
¡Carmen, sé gentil, 
al menos contéstanos!

(Los jóvenes rodean a Carmen,
mientras ella mira a uno a uno, 
luego sale del círculo que forman 
los muchachos y se dirige hacia don
José, que está ocupado en limpiar 
su arma. Carmen saca de su corpiño
una flor que arroja a don José: este,
se levanta bruscamente)

LAS CIGARRERAS
(riendo entre ellas)
El amor es un gitanillo,
que no conoce ley alguna,
si tu no me amas, yo te amo,
y si yo te amo, 
¡ten cuidado!

(estallido general de risas. La
campana de la Fábrica vuelve a
sonar. Las cigarreras corren hacia 
el interior de la misma, con Carmen 
a la cabeza. Los jóvenes también 
se han retirado de la escena. Los
soldados y Zúñiga regresan a sus
puestos, mientras Don José, 
continúa asombrado por la flor que
Carmen ha dejado caer a sus pies. )

DON JOSÉ
¡Que insolencia!

(huele la flor)

Esta flor me ha hecho el efecto
De una bala que me hería...
Si las brujas existen,
ella es una, sin duda.

(Entra Micaela)

Escena Séptima

MICAELA
¡José, José!

DON JOSÉ
(escondiendo rápidamente la flor)
Micaela... ¿eres tú?

MICAELA
Sí, soy yo...
Tu madre me envía...

6: Dúo

DON JOSÉ
(emocionado)
¡Háblame de mi madre!

MICAELA
Te traigo de su parte, 
como fiel mensajera, esta carta...

DON JOSÉ
(feliz, mirando la carta)
¡Una carta!

MICAELA
Y además, algo de dinero

(le da una pequeña bolsa)

para ayudar a tu sueldo,

(vacilando)

y además...

DON JOSÉ
¿Y además?

MICAELA
Y además... realmente no me atrevo...
y además... además hay otra cosa
que es mejor que el dinero 
y que probablemente, 
tendrá más valor para un buen hijo. 

DON JOSÉ
Esa otra cosa, ¿qué es?
¡Habla!...

MICAELA
Sí, hablaré.
Eso que me entregó, 
a ti te lo daré.
Tu madre y yo, salíamos de la capilla
y ella me abrazó diciendo:

"Debes de ir, me dijo,
a la ciudad, 
no queda lejos, 
y una vez en Sevilla
¡deberás buscar a mi hijo, José, 
mi niño!...
Y debes de decirle que su madre
sueña con él día y noche aún ausente...
que ella está llena de esperanza,
que lo perdona y lo espera.
Todo esto, no lo olvides, dulce niña,
de mi parte le dirás
y este beso que te entrego
de mi parte le darás."

DON JOSÉ
(muy emocionado)
¿Un beso de mi madre?

MICAELA
¡Un beso para su hijo!
José, yo te lo doy, 
tal como he prometido.

(le da a Don José un beso casto) 

DON JOSÉ
¡Puedo ver a mí madre!...
¡Sí, veo mi aldea natal!
¡Oh, recuerdos del pasado!
¡Dulces recuerdos del hogar!
¡Llenan mi corazón
con fuerza y coraje!
¡Oh, amados recuerdos!
¡Recuerdos del pasado!
¡Recuerdos del hogar!

MICAELA
¡Él ve a su madre!
¡Ve su aldea natal!
¡Oh, recuerdos del pasado!
¡Recuerdos del hogar!
¡Llenan su corazón
de fuerza y coraje!
¡Oh, amados recuerdos!

DON JOSÉ
(para sí)
¡Quién sabe de qué demonio 
he caído preso!
Aún desde lejos 
mi madre me protege,
y este beso que me envía
libera de todo peligro 
y salva a su hijo.

MICAELA
¿Qué demonio? ¿qué peligro?
No comprendo...
¿A qué te refieres?

DON JOSÉ
¡Nada, nada!
Hablemos de ti, la mensajera:
¿Retornarás a casa?

MICAELA
Sí, esta noche...
Mañana veré a tu madre.

DON JOSÉ
Tú la verás. 
¡Bien! le dirás:

"Que su hijo la ama y venera
y que arrepentido está.
¡Quiere que su madre
este orgullosa de él!"

Todo esto, 
no lo olvides, dulce niña,
de mi parte le dirás.
Y además este beso, que te entrego,
de mi parte le darás.

(La besa)

MICAELA
Sí, te lo prometo... 
Se lo daré de parte de su hijo, José.
Lo haré tal y como lo he prometido.

DON JOSÉ
¡Puedo ver a mí madre!
¡Sí, veo mi aldea natal!
¡Oh, recuerdos del pasado!
¡Dulces recuerdos del hogar!
¡Oh, amados recuerdos!
¡Llenan mi corazón
con fuerza y coraje!
¡Oh, amados recuerdos!
Me devolvéis todo mi valor.
¡Oh, recuerdos del hogar!

MICAELA
¡Él ve a su madre!
¡Ve su aldea natal!
¡Oh, recuerdos del pasado!
¡Recuerdos del hogar!
¡Llenan su corazón
de fuerza y coraje!
¡Oh, amados recuerdos!
Le devolvéis todo su valor.
¡Oh, recuerdos del hogar!

DON JOSÉ
Espera, ahora terminaré de leer...
la carta de mi madre. 

MICAELA
Léela...
Y luego volveré...

(sale)

DON JOSÉ
(lee para sí y al terminar dice:)
No temas nada.
Madre mía,
tu hijo te obedecerá,
haré lo que me dices,
tomaré por esposa a Micaela...
¡Y en cuanto a estas flores 
de esa hechicera infame!...
  

Scène Huitième

7. Choeur

(Au moment où il va arracher les fleurs 
de sa veste, grande rumeur dans l'intérieur
de la manufacture. Le lieutenant entre suivi
des soldats)

CIGARIÈRES
(dans la coulisse)
Au secours!

ZUNIGA
Que se passe-t-il donc là-bas?

CIGARIÈRES 1
(elles entrent en courant)
Au secours!
N'entendez-vous pas?

CIGARIÈRES 2
Au secours! messieurs les soldats!

CIGARIÈRES 1
C'est la Carmencita!

CIGARIÈRES 2
Non, non, ce n'est pas elle!

CIGARIÈRES 1
C'est elle! Si fait, si fait, c'est elle!
Elle a porté les premiers coups!

CIGARIÈRES 2
Ne les écoutez pas!
Monsieur, écoutez-nous!

CIGARIÈRES 1
Ne les écoutez pas!
Monsieur, écoutez-nous!

TOUTES
Ne les écoutez pas!
Monsieur, écoutez-nous!

CIGARIÈRES 2
(elles tirent l'officier de leur côté)
La Manuelita disait
et répétait à voix haute,
qu'elle achèterait sans faute
un âne qui lui plaisait. 

CIGARIÈRES 1
(même jeu)
Alors la Carmencita,
railleuse à son ordinaire,
dit: "Un âne, 
pour quoi faire?
Un balai te suffira."

CIGARIÈRES 2
Manuelita riposta
et dit à sa camarade:
Pour certaine promenade,
mon âne te servira! 

CIGARIÈRES 1
Et ce jour-là tu pourras
à bon droit faire la fière!
Deux laquais suivront derrière,
t'émouchant à tour de bras. 

TOUTES
Là-dessus, toutes les deux
se sont prises aux cheveux,

ZUNIGA 
(avec humeur)
Au diable tout ce bavardage!

(A don José)

Prenez, José, deux hommes avec vous
et voyez là dedans 
qui cause ce tapage! 

(Don José et les soldats 
entrent dans la manufacture)

CIGARIÈRES 1
C'est la Carmencita!

CIGARIÈRES 2
Non, non, ce n'est pas elle!

ZUNIGA 
(aux soldats)
Holà!
Eloignez-moi toutes ces femmes-là! 

TOUTES
Monsieur!

SOLDATS 
(essayant à repousser les femmes)
Tout doux! 
Eloignez-vous et taisez-vous!

TOUTES
Monsieur. N e le écoutez pas!
Écoutez-nous!
Monsieur!

ZUNIGA
Holà! soldats! 

(Les soldats font évacuer la place. 
Carmen paraît sur la porte de la
manufacture amenée par don José 
et suivie par deux dragons.)

Scène Neuvième

ZUNIGA
Voyons, brigadier... 
Maintenant que nous avons 
un peu de silence... 
qu'est-ce que vous avez trouvé là-dedans?.. 

DON JOSÉ
Elle avait sur la figure 
deux coups de couteau... 
en face de la blessée j'ai vu...

(il s'arrête sur un regard de Carmen)

ZUNIGA
Eh bien?.. 

DON JOSÉ
J'ai vu mademoiselle... 

ZUNIGA
Mademoiselle Carmencita? 

DON JOSÉ
Oui, mon lieutenant... 

ZUNIGA
Et qu'est-ce qu'elle disait? 
Parlez, j'attends...

8. Chanson et Mélodrame

CARMEN 
(fredonnant)
Tra la, la, la, la, la, la, la,
Coupe-moi, brûle-moi,
je ne te dirai rien!
Tra la, la, la, la, la, la, la,
Je brave tout, le feu,
le fer et le ciel même! 

ZUNIGA
Ce ne sont pas des chansons 
que je te demande, 
c'est une réponse. 

CARMEN
Tra la, la, la, la, la, la, la,
Mon secret, 
je le garde et je le garde bien!
Tra la, la, la, la, la, la, la,
J'aime un autre et meurs
en disant que je l'aime! 

ZUNIGA
Ah! ah! nous le prenons sur ce ton-là!...

(à José)

Ce qui est sûr, n'est-ce pas, 
c'est qu'il y a eu des coups de couteau 
et que c'est elle qui les a donnés! 

(En ce moment, cinq ou six femmes 
à droite réussissent à forcer la ligne des
factionnaires et se précipitent sur la scène
Une de ces femmes se trouve près de
Carmen. Celle-ci lève la main et veut 
se jeter sur la femme. Don José arrête
Carmen. Les soldats écartent les femmes et
les repoussent cette fois tout à fait hors de
la scène)

ZUNIGA
(à Carmen; parlé)
Eh! eh! Vous avez la main leste décidément.

(aux soldats)

Trouvez-moi une corde. 

CARMEN
(impertinente en regardant l'officier)
Tra la, la, la, la, la, la, la...

UN SOLDAT
(apportant une corde; parlé)
Voilà, mon lieutenant. 

ZUNIGA
(à don José)
Prenez, et attachez-moi 
ces deux jolis mains.

(Carmen, sans faire le moindre résistance,
tend en souriant ses deux mains à don José)

C'est dommage vraiment, 
car elle est gentille... 

(a Carmen)

Mais si gentille que vous soyez, 
vous n'en irez pas moins faire 
un tour à la prison. 
Vous pourrez y chanter 
vos chansons de bohémienne. 
Le porte-clefs vous dira ce qu'il en pense.
Je vais écrire l'ordre.

(à don José)

C'est vous qui la conduirez...

(Il sort)

Scène Dixième

(Un petit moment de silence. Carmen lève
les yeux et regarde don José. Celui-ci se
détourne, s'éloigne de quelques pas, puis
revient à Carmen, qui le regarde toujours.)

CARMEN
Où me conduirez-vous? 

DON JOSÉ
A la prison, ma pauvre enfant... 

CARMEN
Seigneur officier, ayez pitié de moi!... 
Vous êtes si jeune, si gentil!...

DON JOSÉ
Tu aurais au prison, 
parole de navarrais.

CARMEN
Vous êtes Navarraise?... Moi aussi.

DON JOSÉ
Vous êtes Navarraise, vous?... 
Vos yeux seuls... votre bouche... 
Tout vous dit Bohémienne... 

CARMEN
Oui, je suis Bohémienne, mais tu n'en feras
moins ce que je te demande... 
Tu le feras parce que tu m'aimes... 

DON JOSÉ
Moi! 

CARMEN
Eh! oui, tu m'aimes... 
ne me dis pas non, je m'y connais! 
Et cette fleur que tu as gardée. 
Oh! tu peux la jeter maintenant... 
le charme a opéré... 

DON JOSÉ 
(avec colère)
Ne me parle plus, je te défends de me parler.

CARMEN
Vous me défendez de parler, 
je ne parlerai plus...
  

Escena Octava

7: Coro

(cuando va a arrancarse las flores se
oye un gran alboroto en el interior d
la Fábrica. Entra Zúñiga, seguido
por los soldados)

CIGARRERAS
(desde el interior)
¡Ayuda! 

ZÚÑIGA
¡Bueno, bueno!... ¿qué es lo que pasa?

CIGARRERAS 1
(corriendo del interior de la Fábrica)
¡Ayuda!
¿No escuchan lo que pasa?

CIGARRERAS 2
¡Ayuda! ¡Soldados, por favor!

CIGARRERAS 1
¡Ha sido la Carmencita!

CIGARRERAS 2
¡No, no ha sido ella!

CIGARRERAS 1
¡Sí, así es, sí, fue ella!
¡Ella lanzó el primer golpe!

CIGARRERAS 2
¡No las escuche, señor!
¡Escúchennos a nosotras!

CIGARRERAS 1
¡No las escuche, señor!
¡Escúchennos a nosotras!

TODAS 
¡No las escuche, señor!
¡Escúchennos a nosotras!

CIGARRERAS 2
(tirando de Zúñiga hacia ellas)
Manuelita dijo
y repitió en voz alta,
que sin falta compraría
un burro que a ella le gustaba.

CIGARRERAS 1
(de igual modo)
Luego, Carmencita,
maliciosa como siempre,
dijo: "¿por qué un burro?
¡Un palo de escoba
es lo que necesita!"

CIGARRERAS 2
Manuelita le respondió
Diciendo a su compañera:
"¡Para cierto paseo
mi burro te servirá!"

CIGARRERAS 1
"¡Y así ella podrá hacer,
un buen día,
que dos lacayos la sigan detrás
espantándole las moscas!"

TODAS
¡Y de repente,
se arrancaron los pelos una a otra!

ZÚÑIGA
(con sorna)
¡Al diablo con todo este parloteo!

(a don José)

¡José, lleve a dos soldados consigo
y averigüe 
que es lo que pasa allí adentro!

(Don José, entra a la Fábrica,
seguido de dos soldados)

CIGARRERAS 1
¡Fue la Carmencita!

CIGARRERAS 2
¡No, no, ella no fue!

ZÚÑIGA
(a los soldados)
¡Hey, aquí! 
¡Quitad estas mujeres de mi vista!

TODAS
¡Señor!

SOLDADOS
(tratando de sacar a las mujeres)
¡Todas! ¡Fuera de aquí!
¡Váyanse y en silencio!

TODAS
¡Señor! ¡No las escuche!
¡Escúchenos a nosotras!
¡Señor!

ZÚÑIGA
¡Aquí, soldados!

(Los soldados evacuan la plaza,
Carmen aparece en la puerta de 
la Fábrica, seguida por Don José 
y los dos soldados)

Escenas Novena

ZÚÑIGA
Ahora que tenemos 
un momento de silencio, 
veamos, cabo,
¿qué es lo que ha pasado ahí dentro?

DON JOSÉ
Fui y encontré una mujer 
con dos cortes de cuchillo en la frente,
y junto a ella, vi a...

(se detiene al mirar a Carmen)

ZÚÑIGA
¿Y bien?...

DON JOSÉ
Era la señorita...

ZÚÑIGA
...¡La señorita Carmencita!

DON JOSÉ
¡Sí, mi teniente!...

ZÚÑIGA
¿Tienes algo que decir? 
¡Habla, estoy esperando!...

8: Canción y Melodrama

CARMEN
(tarareando)
Tra la la la la la la la,
Córtenme, quémenme, 
¡no diré nada!
Tra la la la la la la la,
¡Puedo con todo: fuego, hierro
y hasta con el mismo cielo!

ZÚÑIGA
No son canciones 
lo que te he pedido,
¡es una respuesta!

CARMEN
Tra la la la la la la la,
¡Mi secreto 
yo guardo, y lo guardo bien!
Tra la la la la la la la,
¡Amo a otro 
y moriré diciendo que lo amo!

ZÚÑIGA
¿Así que esas tenemos, no?

(a Don José)

¡Una cosa es cierta, 
ha habido cuchilladas
y fue ella quien las dio!

(Cinco o seis cigarreras rompen 
la barrera que los soldados 
formaron y entran en la plaza. 
Una de las mujeres se acerca 
a Carmen, quien alza la mano 
para tirarle el cuchillo. Don José 
la detiene, y los soldados separan 
a las cigarreras, guiándolas hacia 
la Fábrica.)

ZÚÑIGA
(a Carmen)
¡Verdaderamente tienes manos ágiles!

(a los soldados)

Tráiganme una cuerda.

CARMEN
(muy insolente, mirando a Zúñiga)
Tra la la la la la ...

UN SOLDADO
(trayendo una cuerda)
¡Aquí la tiene, mi teniente!

ZÚÑIGA
(a don José)
Cójala 
y ate esas preciosas manos. 

(Carmen se deja atar las manos por
don José, sin oponer resistencia)

Una verdadera lástima, 
es tan hermosa...

(a Carmen)

Pero, no importa cuán preciosa seas,
igual irás a la prisión.
Podrás cantar 
tus canciones de gitana allí.
¡El carcelero te dirá 
que es lo que piensa sobre eso!
Iré a escribir la orden.

(a don José)

Tú la conducirás hasta allá.

(Zúñiga se retira de escena)

Escena Décima

(Momento de silencio. Carmen mira a
don José. Él camina unos pasos hacia
afuera, luego, vuelve junto a Carmen,
quién aún continúa mirándolo.)

CARMEN
¿Adónde me conduces?

DON JOSÉ
A la Prisión.

CARMEN
Señor oficial, usted es joven y gentil,
¡tenga piedad de mí! ¡déjeme escapar!

DON JOSÉ
Debes de ir a la prisión. 
Palabra de navarro.

CARMEN
¿Eres de Navarra? Yo también lo soy.

DON JOSÉ
¿De Navarra, tú? 
Tus ojos, tu boca... 
todo demuestra que eres gitana...

CARMEN
Si, yo soy gitana, 
pero harás lo que te he pedido,
porque estás enamorado de mí.

DON JOSÉ
¿Yo?

CARMEN
Sí estás enamorado de mí. 
No lo niegues.
Esa flor que has conservado,
ya la puedes tirar...
la magia ya ha surtido efecto...

DON JOSÉ
(con cólera)
Te prohíbo dirigirme la palabra.

CARMEN
Tu me prohíbes hablar, 
yo no diré otra palabra...
  

9. Chanson et Duo

CARMEN 
(avec intention en regardant souvent 
don José qui se rapproche peu à peu)
Près des remparts de Séville
chez mon ami Lillas Pastia,
j'irai danser la séguedille
et boire du Manzanilla,
j'irai chez mon ami Lillas Pastia.
Oui, mais toute seule on s'ennuie,
et les vrais plaisir 
sont à deux...
donc pour me tenir compagnie,
j'amènerai mon amoureux!

(riant)

Mon amoureux!.. 
Il est au diable!
Je l'ai mis à la porte hier!
Mon pauvre coeur, 
très consolable,
mon coeur est libre comme l'air!...
J'ai des galants à la douzaine;
mais ils ne sont pas à mon gré.
Voici la fin de la semaine:
qui veut m'aimer? 
Je l'aimerai!
Qui veut mon âme?...
Elle est à prendre!...
Vous arrivez au bon moment!
Je n'ai guère le temps d'attendre,
car avec mon nouvel amant...
près des remparts de Séville,
chez mon ami Lillas Pastia,
j'irai danser la séguedille
et boire du Manzanilla,
j'irai chez mon ami 
Lillas Pastia!

DON JOSÉ
Tais-toi, je t'avais dit de ne pas me parler!

CARMEN 
(simplement)
Je ne te parle pas...
je chante pour moi-même,
et je pense! 
il n'est pas défendu de penser!
Je pense à certain officier,
qui m'aime
et qu'à mon tour je pourrais 
bien aimer! 

DON JOSÉ 
(ému)
Carmen! 

CARMEN
Mon officier n'est pas un capitaine,
pas même un lieutenant, 
il n'est que brigadier;
mais c'est assez 
pour une bohémienne
et je daigne m'en contenter! 

DON JOSÉ
Carmen, je suis comme 
un homme ivre,
si je cède, si je me livre,
ta promesse, 
tu la tiendras...
Ah! si je t'aime, 
Carmen, tu m'aimeras! 

CARMEN
Oui.

DON JOSÉ
(délie la corde qui attache 
les mains de Carmen)
Chez Lillas Pastia,

CARMEN
Nous danserons...

DON JOSÉ
Tu le promets!

CARMEN
...la séguedille...

DON JOSÉ
Carmen...

CARMEN
...en buvant du Manzanilla, ¡Ah!

DON JOSÉ
Tu le promets... 

CARMEN 
Près des remparts de Séville,
chez mon ami 
Lillas Pastia,
nous danserons la séguedille
et boirons du Manzanilla,
tra la la la la la...

DON JOSÉ 
Le lieutenant!.. Prenez garde! 

(Carmen va se replacer sur son 
escabeau, les mains derrière le dos. 
Rentre le lieutenant.)

10. Final

Scène Onzième

ZUNIGA 
(à don José)
Voici l'ordre; 
partez, et faites bonne garde. 

CARMEN 
(bas à José)
En chemin je te pousserai,
aussi fort que je le pourrai...
Laisse-toi renverser... 
le reste me regarde! 

(Elle se place entre les deux dragons. José
à côté d'elle. Les femmes et les bourgeois
sont rentrés en scène toujours maintenus à
distance par les dragons... 

CARMEN 
(fredonnant et riant au nez de Zuniga)
L'amour est enfant de Bohème,
il n'a jamais, jamais connu de loi;
si tu ne m'aimes pas, je t'aime;
si je t'aime, prends garde à toi!

(En arrivant à l'entrée du pont, Carmen
pousse José qui se laisse renverser.
Confusion, désordre, Carmen s'enfuit
  

9: Canción (Seguidilla) y Dúo

CARMEN
(descaradamente mira a don José,
que gradualmente se aproxima a ella)
Cerca de las murallas de Sevilla,
a la taberna de mi amigo Lillas Pastia,
iré a bailar la seguidilla
y beber manzanilla,
¡En la taberna de Lillas Pastia!
Sí, pero me aburro cuando estoy sola,
y el placer llega 
cuando dos están juntos;
así, para tener compañía,
¡me llevaré a mi amante conmigo!

(riendo)

¡Mi amante... 
lo mandé al diablo!
¡Ayer lo eché a la calle!
¡Mi pobre corazón, 
fácil de consolar,
mi corazón es libre como el aire!...
Me rodean amantes por docenas,
pero de mi gusto no son.
Llega el fin de la semana:
¿quién me amará? 
¡yo lo amaré!
¿Quién quiere mi alma?...
¡Aquí esta para tomarla!...
¡Has venido en el momento justo!
No podré esperar mucho más,
pues con mi nuevo amante,
cerca de las murallas de Sevilla,
a la taberna de mi amigo Lillas Pastia,
iré a bailar la seguidilla
y a beber manzanilla.
¡Sí, iré a la taberna de mi amigo 
Lillas Pastia!

DON JOSÉ
¡Cállate, he dicho que no me hables!

CARMEN
(con sencillez)
¡No te estoy hablando...
canto para mi misma,
y pienso! 
¡Pensar no está prohibido!
¡Pienso en un oficial 
que me ama,
y al cual
bien podría yo amar!

DON JOSÉ
(emocionado)
¡Carmen!

CARMEN
Mi oficial no es capitán.
ni teniente, 
él solo es cabo;
pero eso es suficiente 
para una gitana
¡Y gustosa me contento con él!

DON JOSÉ
Carmen, estoy como 
un hombre ebrio
y si cedo,... 
y si me rindo a ti,...
¿mantendrás tu promesa?
¡si yo te amo, Carmen...
¿Tú me amarás?

CARMEN
Sí.

DON JOSÉ
(desata la cuerda que sujeta 
las manos de Carmen)
En la taberna de Lillas Pastia...

CARMEN
Nosotros bailaremos...

DON JOSÉ
¡Lo prometes!

CARMEN
...la seguidilla...

DON JOSÉ
¡Carmen!

CARMEN
...y beberemos manzanilla. ¡Ah!

DON JOSÉ
¡Lo prometiste!... 

CARMEN
Cerca de las murallas de Sevilla,
en la taberna de mi amigo 
Lillas Pastia,
bailaremos la seguidilla
y beberemos manzanilla,
¡Tra la la la la la!...

DON JOSÉ
¡El teniente! ¡Cuidado!

(Carmen se sienta en un banco, y
pone sus manos detrás de su espalda,
como si aún estuviera maniatada.)

10: Final

Escena Undécima

ZÚÑIGA
(a don José)
¡Aquí esta la orden, 
parte y vigílala bien!

CARMEN
(en voz baja a don José)
¡En el camino te daré un empujón,
tan fuerte como pueda!...
¡Tendrás de caer... 
el resto déjamelo a mí!

(Carmen se pone entre los dos
dragones. Don José va a su lado. 
Las cigarreras y los jóvenes entran
nuevamente a la plaza poco a poco.)

CARMEN
(tarareando en la nariz de Zúñiga)
El amor es un gitanillo,
no conoce ley alguna,
si tú no me amas, yo te amo,
y si yo te amo, ¡ten cuidado!

(al llegar al puente, Carmen 
empuja a don José y escapa 
riendo a carcajadas)
  
ACTE DEUXIÈME


Scène Première

(La taverne de Lillas Pastia. Carmen,
Mercédès, Frasquita, le lieutenant 
Zuniga, Moralès et un lieutenant. Deux
bohémiennes, au milieu de la scène,
dansent)

11. Chanson

CARMEN
Les tringles des sistres tintaient
avec un éclat métallique,
et sur cette étrange musique
les zingarellas se levaient.
Tambours de basque allaient leur train,
et les guitares forcenées
grinçaient sous des mains obstinées,
même chanson, même refrain,
Tra la la la, tra la la la...

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN
Tra la la la, tra la la la...

CARMEN
Les anneaux de cuivre et d'argent
reluisaient sur les peaux bistrées;
d'orange ou de rouge zébrées
les étoffes flottaient au vent.
La danse au chant se mariait,
d'abord indécise et timide,
plus vive ensuite et plus rapide...
cela montait, montait, montait!
Tra la la la, tra la la la...

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN
Tra la la la, tra la la la...

CARMEN
Les Bohémiens, à tour de bras,
de leurs instruments faisaient rage,
et cet éblouissant tapage
ensorcelait les zingaras.
Sous le rhythme de la chanson,
ardentes, folles, enfiévrées,
elles se laissaient, enivrées,
emporter par le tourbillon!
Tra la la la, tra la la la...

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN
Tra la la la, tra la la la...

(Carmen, Frasuita et Mercèdés dansent. Après
la danse, Lillas Pastia se met à tourner 
autour des officiers d'un air embarrassé)

ZUNIGA
(à Lillas Pastia)
Vous avez quelque chose à nous dire, 
maître Lillas Pastia? 

LILLAS PASTIA
Mon Dieu, messieurs... 
Il commence à se faire tard...

ZUNIGA
Cela veut dire que tu nous mets à la porte!...

LILLAS PASTIA
¡Oh non, messieurs les officiers, no, no!... 
Mais mon auberge devrait être fermée
depuis dix minutes... 

ZUNIGA
Nous avons encore, avant l'appel, le temps
d'aller passer une heure au théâtre... 
vous y viendrez avec nous, n'est-ce pas?

MERCÉDÈS
C'est impossible... 

ZUNIÑA
Frasquita! 

FRASQUITA
Je suis désolée... 

ZUNIGA
Mais toi, Carmen... 
je suis bien sûr que tu ne refuseras pas... 

CARMEN
Je vous refuse!

ZUNIGA
Parce qu'il y a un mois 
j'ai eu la cruauté de t'envoyer à la prison...

CARMEN 
(comme si elle ne se rappelait pas)
À la prison?... 
Je ne souviens pas d'être allée à la prison...

ZUNIGA
Le brigadier qui ayant jugé à propos de te
laisser échapper... et de se faire dégrader 
et emprisonner pour cela... 
Aujourd'hui il a sorti de la prison

CARMEN 
(faisant claquer ses castagnettes)
Tout est bien puisqu'il en est sorti, 
tout est bien. 

12. Choeur et Ensemble

CHOEUR
(derrière la scène)
Vivat! vivat le torero!
Vivat! vivat Escamillo!
Jamais homme intrépide
n'a par un coup plus beau,
d'une main plus rapide.

ZUNIGA
Qu'est-ce que c'est que ca?

MERCÉDÈS
Une promenade aux flambeaux...

ANDRÈS
Et qui promène-t-on?

FRASQUITA
C'est Escamillo... 
un torero qui s'est fait remarquer 
aux dernières courses de Grenade
et qui promet d'égaler la gloire 
de Montes et de Pepe Illo... 

ANDRÈS
Pardieu, il faut le faire venir... 
nous boirons en son honneur! 

ZUNIGA
C'est cela, je vais l'inviter.

(il va à la fenêtre)

Monsieur le torero... 
voulez-vous nous faire l'amitié
de monter ici? 
Vous y trouverez des gens 
qui aiment fort tous ceux qui, comme vous,
ont de l'adresse et du courage...

(quittant la fenêtre)

Il vient... 

LILLAS PASTIA 
Messieurs, les officiers, 
je vous avait dit... 

ZUNIGA 
Ayez la bonté de nous laisser tranquille,
maître Lillas Pastia, 
et faites-nous apporter de quoi boire... 

(Entrée d'Escamillo et de ses amis)

TOUS
Vivat! vivat le torero!

Scène Seconde

13.- Couplets

ESCAMILLO
(rude et très rythmé)
Votre toast, je peux vous le rendre,
señors, car avec les soldats
oui, les toreros peuvent s'entendre;
pour plaisirs, ils ont les combats!
Le cirque est plein, 
c'est jour de fête!
Le cirque est plein du haut en bas;
les spectateurs perdant la tête,
s'interpellent à grands fracas!
Apostrophes, cris et tapage
poussés jusques à la fureur!
Car c'est la fête du courage!
C'est la fête des gens de coeur!
Allons! en garde! allons! allons! ah!
Toréador, en garde!
Et songe bien, oui, 
songe en combattant 
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,

TOUS
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, 
songe en combattant,
| qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour, l'amour t'attend!

ESCAMILLO
Tout d'un coup, on fait silence,
ah! que se passe-t-il?
Plus de cris, 
c'est l'instant!
Le taureau s'élance 
en bondissant hors du toril!
Il entre, il frappe!... un cheval roule,
entraînant un picador.
``Ah! Bravo! Toro!'' 
hurle la foule.
Le taureau va... 
il vient et frappe encore!
En secouant ses banderilles,
plein de fureur, il court!..
le cirque est plein de sang!
On se sauve... on franchit les grilles!..
C'est ton tour maintenant!
Allons! en garde! allons! allons! 
Ah! Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, 
songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour, l'amour t'attend! 

TOUS
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, songe en combattant,
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour, l'amour t'attend!

LILLAS PASTIA
Messieurs les officiers, je vous en prie. 

ZUNIGA
C'est bien, c'est bien, nous partons. 

ESCAMILLO
(à Carmen)
Dis-moi ton nom, et la première fois 
que je frapperai le taureau, 
ce sera ton nom que je prononcerai. 

CARMEN
Carmen, la Carmencita, comme tu voudras. 

ESCAMILLO
Et bien, Carmen, ou la Carmencita, 
si je m'avisais de t'aimer 
et de vouloir être aimé de toi, 
qu'est-ce que tu me répondrais? 

CARMEN
Je répondrais que quant à être aimé de moi
pour le moment, il n'y faut pas songer! 

ESCAMILLO
J'attendrai alors 
et je me contenterai d'espérer... 

CARMEN
Il n'est pas défendu d'attendre 
et il est toujours agréable d'espérer. 

ZUNIGA
(Bas à Carmen)
Écoute-moi, Carmen, 
puisque tu ne veux pas venir avec nous, 
c'est moi qui dans une heure reviendrai ici...

CARMEN
Ici?.. 

ZUNIGA
Oui, dans une heure... après l'appel. 

CARMEN
Je ne vous conseille pas de revenir... 

ZUNIGA
Je me risquerai.
ACTO SEGUNDO


Escena Primera

(Taberna de Lillas Pastia. Mercedes, 
Frasquita y Carmen, están sentadas a la 
mesa, acompañadas de Zúñiga, Andrés y 
otros oficiales. Algunas jóvenes gitanas 
están bailando.)

11: Canción

CARMEN
Las varas de los triángulos tintinean
con un metálico sonido,
y de esa extraña música,
las gitanas se levantan.
Tambores vascos van y vienen,
y frenéticas guitarras
suenan bajo manos obstinadas,
la misma canción, la misma tonada.
Tra la la la la la...

FRASQUITA, MERCEDES, CARMEN
Tra la la la la la...

CARMEN
Anillos de cobre y plata
brillan sobre las pieles morenas,
rayadas de rojo o naranja,
y las telas vuelan al viento.
La danza y el canto unidos,
Al principio inciertos y tímidos,
luego, rápidos y vívidos.
¡Y siguen subiendo, subiendo!
Tra la la la la la...

FRASQUITA, MERCEDES, CARMEN
Tra la la la la la...

CARMEN
Los gitanos, con todo su ser,
atacan sus instrumentos con energía,
y ese deslumbrante estrépito
¡embruja a las gitanas!
Poseídas por el ritmo de la canción, 
fervorosas, locas y febriles
¡como embriagadas,
transportadas por el torbellino!
Tra la la la la la...

FRASQUITA, MERCEDES, CARMEN
Tra la la la la la...

(Mercedes, Frasquita y Carmen se unen al 
baile de las gitanas. Lillas Pastia mira 
alrededor de los oficiales, desconcertado )

ZÚÑIGA
(a Lillas Pastia)
¿Tienes algo para decirnos, 
maestro Lillas Pastia?

LILLAS PASTIA
¡Oh Dios, Señores! 
Comienza a caer la tarde y...

ZÚÑIGA
¿Nos estás echando?...

LILLAS PASTIA
¡Oh, no, señores oficiales, no, no!...
Pero la taberna debería haber cerrado
hace diez minutos.

ZÚÑIGA
Tenemos aún tiempo de ir al teatro
antes del toque de relevo de guardia:
¿Vendréis con nosotros, muchachas?

MERCEDES
Es imposible.

ZÚÑIGA
¿Frasquita?

FRASQUITA
¡Perdóneme!

ZÚÑIGA
Pero tú, Carmen...
¡Sé bien que no me rechazarás!...

CARMEN
¡Sí, os rechazo!

ZÚÑIGA
¿Porque hace un mes 
te envié a prisión?...

CARMEN
(como si no recordara)
¿A la Prisión? 
No recuerdo haber estado en prisión.

ZÚÑIGA
¡Ja, ja! Tu cabo, 
que dejó que escaparas, 
fue degradado y encarcelado...
Hoy ha salido de la prisión.

CARMEN
(haciendo sonar las castañuelas)
¿Hoy, en serio? 
¡Todo esta bien, muy bien!

12: Coro y Conjunto

AMIGOS DE ESCAMILLO
(fuera de escena)
¡Viva!¡Viva el torero!
¡Viva! ¡Viva Escamillo!
Jamás hubo ni habrá torero
de mano más firme
y pases tan bellos.

ZÚÑIGA
¿Qué es eso?

MERCEDES
Una procesión de antorchas...

ANDRÉS
¿Y a quién proclaman?

FRASQUITA
Lo reconozco... es Escamillo, 
el torero que ha triunfado
en las recientes corridas de Granada,
y que promete ser tan fabuloso como
Montes y Pepe Illo...

ANDRÉS
¡Por Dios, tráiganlo!
¡Beberemos en su honor!...

ZÚÑIGA
Lo invitaré.

(abriendo la ventana, grita)

Señor torero... 
¿quisiera usted hacernos el honor 
de venir aquí?
Encontrará hombres que respetan 
a aquellos que demuestran
habilidad y coraje, como usted.

(cerrando la ventana, dice)

Ya viene...

LILLAS PASTIA
Señores oficiales, 
les advertí que...

ZÚÑIGA
Tenga la bondad, señor Pastia,
de dejarnos tranquilos 
y tráiganos algo de beber...

(Entran Escamillo y sus amigos)

TODOS
¡Larga vida al torero!

Escena Segunda

13: Coplas

ESCAMILLO
(con ritmo y voz bronca)
Su brindis puedo responder señores,
pues con los soldados, sí,
toreros como yo se entienden:
¡Por placer, tomamos el combate! 
La plaza está llena, es día de fiesta,
está llena de arriba abajo,
los espectadores, pierden la cabeza,
¡se interpelan a gritos!
¡Exclamaciones, llantos y tumulto,
creciendo hasta el paroxismo!
¡Es una fiesta al coraje!
¡Es la fiesta de los hombres valientes!
¡Venga, en guardia! ¡Ah!
¡Toreador, cuidado!
Y recuerda, sí, 
recuerda al torear
que unos ojos negros te miran,
¡y que el amor te espera, 
toreador! 

TODOS
¡Toreador, cuidado!
Toreador, toreador!
Y recuerda, sí, 
recuerda al torear
que unos ojos negros te miran,
¡y que el amor te espera, toreador! 
¡El amor, te espera el amor!

ESCAMILLO
De repente, se hace el silencio.
¡Ah! ¿qué pasó?
¡Los llantos terminaron, 
el momento llegó!
¡El toro sale del toril!
Entra al caballo,... lo embiste,
el caballo cae arrastrando al picador.
"¡Ah! ¡Bravo toro!" 
grita el público.
El toro va... viene...
ataca de nuevo.
Sacudiendo las banderillas,
lleno de furia corre... 
¡la arena esta llena de sangre! 
¡Cuidado, a salvarse... a las barreras!
¡Ahora es tu turno!
¡Vamos! ¡Cuidado! ¡Ah!
¡Toreador, en guardia!
¡Toreador, toreador!
¡Toreador, cuidado!
Y recuerda, sí, 
recuerda al torear
que unos ojos negros te miran,
¡y que el amor te espera, toreador! 
¡El amor, te espera el amor!

TODOS
¡Toreador, en guardia!
¡Toreador, toreador!
Y recuerda, sí, 
recuerda al torear
que unos ojos negros te miran,
¡y que el amor te espera, toreador! 

LILLAS PASTIA
Señores soldados... ¡se lo ruego!

ZÚÑIGA
Esta bien, esta bien, ¡nos iremos!

ESCAMILLO
(a Carmen)
¿Cómo te llamas, guapa?
y la primera vez que lidie a un toro
será tu nombre el que pronunciaré.

CARMEN
Carmen o Carmencita, como quieras.

ESCAMILLO
Muy bien, 
Carmen o Carmencita, 
si te dijese que me he enamorado de ti
¿qué responderías?

CARMEN
¡Te respondería que, por el momento,
no deberías ni soñarlo!

ESCAMILLO
Esperaré y me contentaré 
con la esperanza...

CARMEN
Nadie te prohíbe esperar: 
es dulce la esperanza.

ZÚÑIGA
(en voz baja a Carmen)
Escúchame, Carmen, 
puesto que no quieres venir, 
seré yo el que vuelva en una hora...

CARMEN
¿Aquí?

ZÚÑIGA
Sí, después del relevo de la guardia.

CARMEN
¡Desperdicias tu tiempo!

ZÚÑIGA
Aún así, regresaré.
13 bis. Choeur

CHOEUR
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, 
songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador! l'amour, l'amour t'attend! 

(Tout le monde sort, excepté Carmen,
Frasquita, Mercédès et Lillas Pastia.)

Scène Troisième

FRASQUITA 
(à Pastia)
Pourquoi étais-tu si pressé 
de les faire partir?

LILLAS PASTIA
Le Dancaire et le Remendado 
viennent d'arriver... 
ils ont à vous parler 
de vos affaires...
¡Regardez là!

(Entrent le Dancaïre et le Remendado.
Pastia ferme les portes, met les volets, etc.)

FRASQUITA
Eh bien, les nouvelles? 

DANCAIRE
Pas trop mauvaises les nouvelles, 
nous arrivons de Gibraltar... 
Nous avons de marchandises anglaises...
mais c'est de vous que nous avons besoin... 

MERCÉDÈS
(riant)
Pour vous aider à porter les ballots?... 

REMENDADO
(avec ton moqueur)
Oh! non... 
Faire porter des ballots à des dames... 
ça ne serait pas distingué. 

DANCAIRE
(menaçant)
Remendado? 

REMENDADO
Oui, patron. 

FRASQUITA
Et bien?
Qu'est-ce que nous ferons?

DANCAIRE
Pour autre chose...

14. Quintette

DANCAIRE
Nous avons en tête une affaire!

FRASQUITA
Est-elle bonne, dites-nous?

MERCÉDÈS
Est-elle bonne, dites-nous?

DANCAIRE
Elle est admirable, ma chère;
Mais nous avons besoin de vous.

REMENDADO
Oui, nous avons besoin de vous.

CARMEN, FRASQUITA, MERCÉDÈS
De nous?
Quoi, vous avez besoin de nous?

REMENDADO, DANCAIRE
Oui, nous avons besoin de vous!
Car nous l'avouons humblement
et fort respectueusement,
Quand il s'agit de tromperie,
de duperie, de volerie,
il est toujours bon, sur ma foi,
d'avoir les femmes avec soi.
Et sans elles, mes toutes belles,
on ne fait jamais rien de bien!

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN
Quoi, sans nous jamais rien
de bien?

REMENDADO, DANCAIRE
N'êtes-vous pas de cet avis?

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN
Si fait, je suis de cet avis.

TOUS
Quand il s'agit de tromperie,
de duperie, de volerie,
il est toujours bon, sur ma foi,
d'avoir les femmes avec soi.
Et sans elles, les toutes belles,
on ne fait jamais rien de bien!

DANCAIRE
C'est dit, alors; vous partirez?

MERCÉDÈS
Quand vous voudrez.

FRASQUITA
Quand vous voudrez.

DANCAIRE
Mais... tout de suite...

CARMEN
Ah! permettez... permettez!

(à Mercédès et à Frasquita)

S'il vous plaît de partir... partez!
Mais je ne suis pas du voyage.
Je ne pars pas... je ne pars pas!

DANCAIRE, REMENDADO
Carmen, mon amour, tu viendras,
et tu n'auras pas le courage
de nous laisser dans l'embarras.

CARMEN
Je ne pars pas, je ne pars pas!

FRASQUITA, MERCÉDÈS
Ah! ma Carmen, tu viendras! 

DANCAIRE
Mais au moins la raison, 
Carmen, tu la diras.

FRASQUITA, MERCÉDÈS
REMENDADO, DANCAIRE
La raison! 

CARMEN
Je la dirai certainement...

FRASQUITA, MERCÉDÈS
REMENDADO, DANCAIRE
Voyons!

CARMEN
La raison, c'est qu'en ce moment...

REMENDADO, DANCAIRE
Eh bien?

FRASQUITA, MERCÉDÈS
Eh bien?

CARMEN
Je suis amoureuse!

REMENDADO, DANCAIRE 
(stupéfaits)
Qu'a-t-elle dit?

FRASQUITA, MERCÉDÈS
Elle dit qu'elle est amoureuse!

FRASQUITA, MERCÉDÈS
REMENDADO, DANCAIRE
Amoureuse!

CARMEN
Oui, amoureuse!

DANCAIRE
Voyons, Carmen, sois sérieuse

CARMEN
Amoureuse à perdre l'esprit! 

REMENDADO, DANCAIRE 
(un peu ironique)
La chose, certes, nous étonne,
mais ce n'est pas le premier jour
où vous aurez su, ma mignonne,
faire marcher de front 
le devoir et l'amour...

CARMEN 
(franchement)
Mes amis, je serais fort aise
de partir avec vous ce soir;
mais cette fois, ne vous déplaise,
il faudra que l'amour passe 
avant le devoir...
Ce soir l'amour passe 
avant le devoir!

DANCAIRE
Ce n'est pas là ton dernier mot?

CARMEN
Absolument!

REMENDADO
Il faut que tu te laisses attendrir!

FRASQUITA, MERCÉDÈS
REMENDADO, DANCAIRE
Il faut venir, Carmen, il faut venir!
Pour notre affaire,
c'est nécessaire; car entre nous...

CARMEN
Quant à cela, j'admets bien avec vous: 

TOUS
Quand il s'agit de tromperie,
de duperie, de volerie,
il est toujours bon, sur ma foi,
d'avoir les femmes avec soi.
Et sans elles, les toutes belles,
on ne fait jamais rien de bien!

DANCAIRE
En voilà assez; je t'ai dit qu'il fallait venir,
et tu viendras... je suis le chef... 
Amoureuse... 
ce n'est pas une raison, cela.

REMENDADO
Je suis amoureux et utile. 

DANCAIRE
Remendado!

REMENDADO
Oui, patron!

FRASQUITA
Je ne t'ai jamais vue comme cela; 
qui attends-tu, donc?.. 

CARMEN
Un pauvre diable de soldat 
qui m'a rendu service... 

MERCÉDÈS
Ce soldat qui était en prison? 

CARMEN
Oui!.. 

DANCAIRE
Je parierais qu'il ne viendra pas. 

CARMEN
Ne parie pas, tu perdrais... 

(On entend dans le lointain 
la voix de don José)
  
13bis: Coro

CORO
¡Toreador, en guardia!
¡Toreador, toreador!
¡Toreador, cuidado!
Y recuerda, sí, 
recuerda al torear
que unos ojos negros te miran,
¡y que el amor te espera, toreador! 

(Todos se retiran menos Mercedes,
Carmen, Frasquita y Lillas Pastia.)

Escena Tercera

FRASQUITA
(a Pastia)
¿Por qué estabas tan ansioso 
de que se fueran?

LILLAS PASTIA
Dancaïre y Remendado 
acaban de llegar...
Tienen algo que decirles
acerca de sus negocios...
¡Miren, ahí están!

(Dancaire y Remendado entran.
Pastia cierra las puertas, ventanas...)

FRASQUITA
¿Y bien?... ¿Qué noticias hay?

DANCAIRE
No son malas noticias. 
Estuvimos en Gibraltar...
Tenemos una carga de mercaderías...
Pero, ¡os necesitamos!

MERCEDES
(riendo)
¿Para cargar el contrabando?

REMENDADO
(con sorna)
¡Oh, no!...
Que las damas carguen con los fardos
¡eso no sería educado!....

DANCAIRE
(amenazante)
¡Remendado, cállate!

REMENDADO
Sí, jefe.

FRASQUITA
¿Y bien? 
¿Para qué nos necesitáis?

DANCAIRE
Para otra cosa...

14: Quinteto

DANCAIRE
¡Tenemos en mente un asunto!

FRASQUITA
Decidnos, ¿es bueno? 

MERCEDES
Decidnos, ¿es bueno? 

DANCAIRE
Es fabuloso, querida,
pero necesitamos de ustedes.

REMENDADO
Sí, las necesitamos.

CARMEN, FRASQUITA, MERCEDES
¿De nosotras?
¿Qué es lo que necesitan?

DANCAIRE, REMENDADO
¡Sí, las necesitamos a ustedes!
Pues confesamos humildemente
y con gran respeto que
cuando el triunfo peligra,
trampeando o robando,
siempre es bueno
poder contar con mujeres,
pues sin ellas, mis bellas,
¡nada podría salir bien!

CARMEN, FRASQUITA, MERCEDES
¿Qué sin nosotras 
nada puede salir bien?

DANCAIRE, REMENDADO
¿No lo creéis así?

CARMEN, FRASQUITA, MERCEDES
Sí, así lo creemos, es verdad.

TODOS
Cuando el triunfo peligra,
trampeando o robando,
siempre es bueno
contar con mujeres,
pues sin ellas, mis bellas,
¡nada podría salir bien!

DANCAIRE
Entonces ¿cuándo partimos?

MERCEDES
Cuando quieras.

FRASQUITA
Cuando quieras.

DANCAIRE
Bien...¡de inmediato!

CARMEN
¡Ah! Permítanme, 

(a Mercedes y Frasquita)

¡Si quieren marchar... marchaos!
No contéis conmigo,
¡yo no voy!

DANCAIRE, REMENDADO
Carmen, amor mío, vendrás,
no tienes el suficiente coraje
para dejarnos solos, en la estacada.

CARMEN
¡Yo no voy!

FRASQUITA, MERCEDES
¡Ah, querida Carmen, tú vendrás! 

DANCAIRE
Pero al menos, 
nos dirás la razón, Carmen,

FRASQUITA, REMENDADO
MERCEDES y DANCAIRE
¡La razón!

CARMEN
Ciertamente les diré...

DANCAIRE, REMENDADO
MERCEDES, FRASQUITA
¡Vamos!

CARMEN
La razón es que en este momento...

DANCAIRE, REMENDADO
¿Y bien?

FRASQUITA, MERCEDES
¿Y bien?

CARMEN
... ¡estoy enamorada! 

DANCAIRE, REMENDADO
(estupefactos)
¿Qué has dicho?

FRASQUITA, MERCEDES
¡Dijo que esta enamorada!

DANCAIRE, REMENDADO
FRASQUITA, MERCEDES
¡Enamorada!

CARMEN
Sí, ¡enamorada!

DANCAIRE
¡Vamos, Carmen, habla en serio!

CARMEN
¡Locamente enamorada!

DANCAIRE, REMENDADO
(irónicos)
Por supuesto que nos sorprendes,
pero no es la primera vez
que confundes, querida,
el deber...
con el amor.

CARMEN
(con franqueza)
Amigos míos, me complacería
ir con vosotros esta noche,
pero ahora, si no os importa,
antes del deber... 
vendrá el amor.
¡Esta noche vencerá
el amor al deber!

DANCAIRE
¿Es tu última palabra?

CARMEN
¡Totalmente!

REMENDADO
¡Debes ceder!

FRASQUITA, MERCEDES
DANCAIRE y REMENDADO
¡Debes venir, debes venir!
Para nuestro trabajo,
eres esencial, y nosotros mismos...

CARMEN
En cuanto a eso, estoy de acuerdo:

TODOS
Cuando el triunfo peligra,
trampeando o robando,
siempre es bueno
contar con mujeres,
y sin ellas, mis bellas,
¡nada podría salir bien!

DANCAIRE
¡Terminemos con esto: 
tu vendrás,... yo soy el jefe!
¡Oh, enamorada! 
¡Vamos Carmen, esa no es una razón!

REMENDADO
¡Yo aún enamorado, soy muy útil!  

DANCAIRE
¡Remendado!

REMENDADO
¡Sí, jefe!

FRASQUITA
Nunca te había visto antes así:
¿a quién esperas?...

CARMEN
A un pobre diablo,
a un  soldado que me hizo un favor.

MERCEDES
¿El soldado que estuvo en prisión?

CARMEN
Sí...

DANCAIRE
Apuesto a que tu soldado no vendrá.

CARMEN
No apuestes, porque perderás.

(se oye a lo lejos 
la voz de don José)
  

Scène Quatrième

15. Chanson

DON JOSÉ 
(la voix très éloigné)
Halte-là!
Qui va là?
Dragon d'Alcalá!
Où t'en vas-tu par là,
dragon d'Alcalá?
Moi, je m'en vais faire,
mordre la poussière
à mon adversaire.
S'il en est ainsi,
passez, mon ami.
Affaire d'honneur,
affaire de coeur,
pour nous 
tout est là,
dragons d'Alcalá!

(Carmen, le Dancaïre, le Remendado,
Mercédès et Frasquita, par les volets
entr'ouverts, regardent venir don José.

MERCÉDÈS
C'est un dragon, ma foi. 

FRASQUITA
Et un beau dragon. 

DANCAIRE 
(à Carmen)
Tu devrais décider ton dragon à venir 
avec toi et à se joindre à nous. 

CARMEN
Ah!.. si cela se pouvait!.. 
Mais il est trop niais. 

DANCAIRE
Pourquoi l'aimes-tu encore?

CARMEN
Parce qu'il est joli garçon donc 
et qu'il me plaît. 

(Remendado, Frasquita Mercédès et
Dancaire sortent)

Chanson 

DON JOSÉ
(la voix se rapproche peu à peu)
Halte-là! 
Qui va là?
Dragon d'Alcala!
Où t'en vas-tu par là,
dragon d'Alcala?
Exact et fidèle,
je vais où m'appelle
l'amour de me belle!
S'il en est ainsi,
passez, mon ami.
Affaire d'honneur,
affaire de coeur,
pour nous 
tout est là,
dragons d'Alcalá!

(Entre don José.)

Scène Cinquième

CARMEN
Enfin... te voilà... C'est bien heureux. 

DON JOSÉ
Il y a deux heures seulement 
que je suis sorti de prison. 

CARMEN 
Tu m'en veux alors et tu regrettes 
de t'être fait mettre en prison 
pour mes beaux yeuxs? 

DON JOSÉ
No...

CARMEN
Parce que tu m'aimes? 

DON JOSÉ
Parce que je t'adore. 

CARMEN 
(mettant ses mains dans les mains de José)
Je paie mes dettes... 
c'est notre loi à nous autre bohémiennes... 

DON JOSÉ
Carmen!

CARMEN
Ton lieutenant était ici tout à l'heure, 
avec d'autres officiers, 
ils nous ont fait danser la Romalis... 

DON JOSÉ
Tu as dansé? 

CARMEN
Oui,.. Est-ce que tu serais jaloux?.. 

DON JOSÉ
Mais certainement, je suis jaloux... 

CARMEN
Eh bien, si tu le veux, 
je danserai pour toi maintenant, 
pour toi tout seul. 

16. Duo

CARMEN 
(avec une solennité comique)
Je vais danser en votre honneur,
et vous verrez, seigneur,
comment je fais moi-même
accompagner ma danse!
Mettez-vous là, Don José; 
je commence!

(Elle fait asseoir Don José)

La la la...

Carmen danse et s accompagne avec ses
castagnettes. Don José la dévore des yeux.
On entend au loin, des clairons qui sonnent
la retraite) 

DON JOSÉ
Attends un peu, Carmen,
rien qu'un moment... arrête! 

CARMEN 
(étonnée)
Et pourquoi, s'il te plaît? 

DON JOSÉ
Il me semble... là-bas...
Oui, ce sont nos clairons 
qui sonnent la retraite.

(Les clairons se rapprochent)

Ne les entends-tu pas? 

CARMEN 
(avec entrain)
Bravo! j'avais beau faire;... 
il est mélancolique
de danser sans orchestre... 
Et vive la musique
qui nous tombe du ciel! 
La, la, la...

(Elle reprend sa chanson qui se rythme 
sur la retraite sonnée au dehors par les
clairons. Carmen se remet à danser et 
Don José se remet à regarder Carmen. La
retraite approche... approche... approche...
passe sous les fenêtres de l'auberge... puis
s'éloigne...)

DON JOSÉ
Tu ne m'a pas compris. Carmen... 
c'est la retraite! Il faut que moi, 
je rentre au quartier pour l'appel! 

CARMEN 
(stupéfaite)
Au quartier!.. 
pour l'appel!..
Ah! j'étais vraiment trop bête!
Je me mettais en quatre 
et je faisais des frais,
pour amuser monsieur! 
Je chantais! je dansais!
Je crois, Dieu me pardonne,
qu'un peu plus, je l'aimais!
Ta ra ta ta... c'est le clairon qui sonne!
Ta ra ta ta... Il part... 
il est parti!
Va-t'en donc, canari!
Tiens! prends ton shako, 
ton sabre, ta giberne,
et va-t'en, mon garçon, ve t'en!
Retourne à ta caserne! 

DON JOSÉ
(avec tristesse)
C'est mal à toi, Carmen, 
de te moquer de moi!
Je souffre de partir...
car jamais, jamais femme,
jamais femme avant toi, 
aussi profondément n'avait 
troublé mon âme! 

CARMEN 
(en exagérant le ton passionné de don José)
Il souffre de partir, car jamais, 
Jamais femme, jamais femme 
avant moi, aussi avant moi
aussi profondément 
n'avait troublé son âme!
Ta ra ta ta... mon Dieu! 
c'est la retraite!
Ta ra ta ta... je vais être en retard.
Il perd la tête! il court!
Et voilà son amour! 

DON JOSÉ
Ainsi tu ne crois pas à mon amour? 

CARMEN
Mais non! 

DON JOSÉ
Eh bien! tu m'entendras! 

CARMEN
Je ne veux rien entendre! 

DON JOSÉ
Tu m'entendras! 

CARMEN
Tu vas te faire attendre!
Non! non! non! non!

(De la main gauche, il a saisi brusquement
le bras de Carmen; de la main droite, il va
chercher sous sa veste d'uniforme la fleur
de cassie que Carmen lui a jetée au premier
acte. Il montre cette fleur à Carmen)

DON JOSÉ
La fleur que tu m'avais jetée
dans ma prison m'était restée,
flétrie et sèche, cette fleur
gardait toujours sa douce odeur;
et pendant des heures entières,
sur mes yeux, 
fermant mes paupières,
de cette odeur je m'enivrais
et dans la nuit je te voyais!
Je me prenais à te maudire,
à te détester, à me dire:
pourquoi faut-il que le destin
l'ait mise là sur mon chemin!
Puis je m'accusais de blasphème,
et je ne sentais en moi-même,
qu'un seul désir, un seul espoir:
te revoir, ô Carmen, oui,
te revoir!
Car tu n'avais eu qu'à paraître,
qu'à jeter un regard sur
moi pour t'emparer 
de tout mon être,
ô ma Carmen!
Et j'étais une chose à toi!
Carmen, je t'aime!

CARMEN
Non! tu ne m'aimes pas!

DON JOSÉ
Que dis-tu?

CARMEN
Non! tu ne m'aimes pas! Non!
Car si tu m'aimais,
là-bas, là-bas tu me suivrais!

DON JOSÉ
Carmen!

CARMEN
Oui! Là-bas, là-bas dans la montagne!
là-bas, là-bas tu me suivrais!
Sur ton cheval tu me prendrais,
et comme un brave 
à travers la campagne,
en croupe, tu m'emporterais!
Là-bas, là-bas dans la montagne.

DON JOSÉ 
(troublé)
Carmen!

CARMEN
là-bas, là-bas tu me suivrais!
si tu m'aimais!
Tu n'y dépendrais de personne;
point d'officier 
à qui tu doives obéir,
et point de retraite qui sonne
pour dire à l'amoureux 
qu'il est temps de partir!
Le ciel ouvert, la vie errante,
pour pays tout l'univers, 
et pour loi ta volonté!
Et surtout 
la chose enivrante:
la liberté! la liberté!

DON JOSÉ
Mon Dieu!

CARMEN
Là-bas, là-bas dans la montagne!

DON JOSÉ 
(presque vaincu)
Carmen!

CARMEN
là-bas, là-bas si tu m'aimais.

DON JOSÉ
Tais-toi!

CARMEN
là-bas, là-bas tu me suivrais!
Sur ton cheval tu me prendrais...

DON JOSÉ
Ah! Carmen, hélas! tais-toi!
tais-toi! mon Dieu!

CARMEN
Et comme un brave
à travers la campagne,
oui, tu m'emporterais, si tu m'aimais!

DON JOSÉ
(s'arrachant brusquement 
des bras de Carmen)
Non! je ne veux plus t'écouter!
Quitter mon drapeau... déserter...
C'est la honte... 
c'est l'infamie!...
Je n'en veux pas!

CARMEN
(durement)
Eh bien! pars!

DON JOSÉ 
(suppliant])
Carmen, je t'en prie!

CARMEN
Non! je ne t'aime plus! Va! je te hais!

DON JOSÉ
Écoute! Carmen!

CARMEN
Adieu! mais adieu pour jamais!

DON JOSÉ 
(avec douleur)
Eh bien! soit! adieu! adieu pour jamais!

CARMEN
Va-t-en!

DON JOSÉ
Carmen! adieu! adieu pour jamais!

CARMEN
Adieu!

(Il va en courant vers la porte. Au moment
il y arrive, on frappe. Don José s'arrête,
silence. On frappe encore.)
  

Escena Cuarta

15: Canción

DON JOSÉ
(desde lejos)
¡Alto!
¿Quién va?
¡Dragón de Alcalá!
¿Adonde vas,
dragón de Alcalá?
Voy a hacer
morder el polvo
a mi adversario.
Si es así,
amigo mío, pase.
Asunto de honor,
asunto del corazón,
es todo lo que cuenta
para nosotros,
¡Dragones de Alcalá!

(Carmen, Dancaïre, Remendado,
Frasquita y Mercedes ven venir a
don José)

MERCEDES
Es un dragón.

FRASQUITA
¡Un hermoso dragón!

DANCAIRE
(a Carmen)
Tengo una idea: deberás de conseguir
que tu dragón se una a nosotros.

CARMEN
¡Ah! Si pudiera... 
¡pero es demasiado tonto!

DANCAIRE
¿Por qué lo amas entonces?

CARMEN
Porque es atractivo... 
¡y me gusta!.

(a una señal de Dancaire, 
salen todos menos Carmen)

Canción

DON JOSÉ
(acercándose)
¡Alto!
¿Quién va?
¡Dragón de Alcalá!
¿Adonde vas,
dragón de Alcalá?
Fiel y exacto,
voy a donde me llama
el amor de mi amada.
Si es así,
amigo mío, pase.
Asunto de honor,
asunto del corazón,
es todo lo que cuenta
para nosotros,
¡Dragones de Alcalá!

(don José, entra)

Escena Quinta

CARMEN
¡Al fin... llegaste...!

DON JOSÉ
Han pasado solo dos horas 
desde que salí de la prisión.

CARMEN
¿Estás diciendo 
que has ido a prisión
solo por mis bellos ojos...?

DON JOSÉ
No...

CARMEN
¿O es que quizás me amas?

DON JOSÉ
Porque te adoro.

CARMEN
(tomando las manos de José)
Pagaré mi deuda... Es nuestra ley,
para nosotras, las gitanas...

DON JOSÉ
¡Carmen!

CARMEN
Tu teniente estuvo aquí hace una hora,
acompañado de otros oficiales...
bailamos para ellos...

DON JOSÉ
¿Bailaste?

CARMEN
Si... ¿no estarás celoso?...

DON JOSÉ
Sí... lo estoy

CARMEN
Bueno, si quieres,
bailaré ahora para ti,
para ti solamente...

16: Dúo

CARMEN
(con solemnidad cómica)
Danzaré en vuestro honor,
y así verá, señor,
¡como sé acompañarme
a mi misma en la danza!
Siéntese, don José, 
¡voy a comenzar!

(haciendo sentar a don José)

La, la, la, la...

(Comienza a bailar, haciendo sonar
las castañuelas. Don José la mira 
con éxtasis. Se oye el sonar de una
corneta lejana que toca retreta)

DON JOSÉ
Un momento, Carmen, 
aguarda un momento, oye...

CARMEN
(asombrada)
¿Y puedo saber por qué?

DON JOSÉ
Creo que son... ¡Sí! 
Son las trompetas que llaman 
a retreta

(el sonido se aproxima)

¿No las oyes?

CARMEN
(con entusiasmo)
¡Bravo! Por bien que yo lo haga,
resulta aburrido
bailar sin orquesta... 
¡Viva la música
que viene del cielo!
La la la la...

(Ella baila y toca las castañuelas.
Don José se sienta y sigue mirando a
Carmen. Las trompetas se oyen pasar
por delante de la taberna y se alejan,
haciendo que don José interrumpa su
contemplación, obligando a Carmen
a detenerse.)

DON JOSÉ
No comprendes, Carmen... 
¡es la retreta!
¡Debo ir al cuartel a pasar lista!

CARMEN
(estupefacta)
¡Al cuartel!...
¡Para cuando pasen lista!
¡Ah, he sido realmente tonta!
Me he esforzado 
y he gastado mi dinero
para entretener al señor: 
¡Canté! ¡Bailé! 
Creí, Dios perdóname,
¡me enamoraría de él!
¡Ta ra ta... la trompeta suena!
¡Ta ra ta... se va,...
se ha ido!
¡Vete, pues, canario!
¡Toma! Recoge tu saco, 
tu sable y tu cartuchera,
y vete, mi niño, 
¡corre al cuartel!

DON JOSÉ
(con tristeza)
Haces mal, Carmen, 
en burlarte de mí.
¡Sufro al tener que partir...
pues ninguna mujer,
jamás una mujer antes de ti,
atormentó mi alma
tan profundamente!

CARMEN
¡Él sufre al partir, 
porque ninguna mujer,
jamás una mujer, jamás,
antes de mí,
atormento su alma 
tan profundamente!
Ta ra ta ta... ¡Dios mío!
¡Es la retreta!
Ta ra ta ta... ¡Llegaré tarde!
¡Pierde la cabeza, corre!
¡Así es su amor!

DON JOSÉ
¿Así que no crees que te amo?

CARMEN
¡No!

DON JOSÉ
¡Entonces: me escucharás!

CARMEN
¡No escucharé nada!

DON JOSÉ
¡Me escucharás!

CARMEN
¡Te están esperando!
¡No, no, no!

(José, toma a Carmen con su mano
izquierda, y con la derecha saca de
adentro de su camisa, la flor que
Carmen le arrojo en el primer acto, 
y se la muestra.)

DON JOSÉ
La flor que me tiraste
en la prisión, aún marchita,
conmigo estuvo,
esta flor mantenía su dulce perfume.
Y por muchas horas,
sobre mis ojos,
con los párpados cerrados,
de ese perfume me embriagué
¡y en la oscuridad tu rostro veía!
Y me encontré maldiciéndote,
odiándote, y diciendo para mí:
¿Por qué el destino quiso
que te cruzaras en mi camino?
Luego me acusé de blasfemia
y no sentía en mí
más que un deseo, una sola esperanza:
¡Verte otra vez, Carmen!
¡Sí, verte otra vez!
Solo bastaba que aparecieras,
que sólo me miraras y
de mi ser entero 
tomaras posesión.
Oh, mi Carmen:
¡soy tuyo!
¡Carmen, te amo!

CARMEN
¡No, tú no me amas!

DON JOSÉ
¿Qué dices?

CARMEN
¡No, tu no me amas!
No, pues si me amaras,
me seguirás lejos de aquí!

DON JOSÉ
¡Carmen!

CARMEN
¡Sí! ¡Lejos, lejos en la montaña!
¡Allí, allí me seguirías!
Sobre tu caballo me subirías
y como un valiente héroe,
por la campiña,
¡en la grupa me llevarías!
¡Lejos, lejos en la montaña!...

DON JOSÉ
(turbado)
¡Carmen!

CARMEN
Lejos, lejos me seguirías
¡si me amaras, me seguirías!
¡De nadie dependerías,
a ningún oficial 
deberías obedecer
y ninguna retreta sonaría
para avisar al enamorado
que es hora de partir.
El cielo abierto, la vida errante,
por país, el universo, 
¡y por ley... tu voluntad!
Y sobre todo
el deleite más embriagador de todos:
¡la libertad, la libertad!

DON JOSÉ
¡Dios mío, Carmen, cálmate!

CARMEN
¡Lejos, lejos en la montaña!

DON JOSÉ
(a punto de ceder)
¡Ah, Carmen!

CARMEN
Allí, allí, si me amaras.

DON JOSÉ
¡Cállate!

CARMEN
¡Allí, allí me seguirías!
¡Sobre tu caballo me subirías!

DON JOSÉ
¡Ay, Carmen, piedad!
¡Oh, Dios mío!

CARMEN
Y como un valiente
a través de la campiña,
¡Sí, me llevarías si me amaras!

DON JOSÉ
(librándose bruscamente
del abrazo de Carmen)
¡No! ¡No quiero escucharte más!
¡Dejar mi bandera... desertar!
¡Sería una vergüenza... 
una infamia!
¡No, no lo haré!

CARMEN
(con dureza)
¡Entonces, vete!

DON JOSÉ
(suplicante)
¡Carmen, te lo ruego!

CARMEN
¡No, ya no te amo! ¡Vete, te odio!

DON JOSÉ
¡Escucha, Carmen!

CARMEN
¡Adiós, adiós para siempre!

DON JOSÉ
(con dolor)
Bien, entonces... ¡adiós para siempre!

CARMEN
¡Vete!

DON JOSÉ
¡Carmen, adiós para siempre!

CARMEN
¡Adiós!

(Don José corre hacia la puerta. 
De repente, llaman a la puerta y 
se detiene. Silencio. Otro golpe)
  
Scène Sixième

17. Final

ZUNIGA 
(au dehors)
Holà! Carmen! Holà! Holà! 

DON JOSÉ
Qui frappe? qui vient là? 

CARMEN
Tais-toi... tais-toi! 

ZUNIGA
(faisant sauter la porte)
J'ouvre moi-méme... et j'entre...

(Il voit Don José. À Carmen)

Ah! fi! ah! fi! la belle!
Le choix n'est pas heureux! 
C'est se mésallier de prendre 
le soldat quand on a l'officier.

(à don José)

Allons, décampe! 

DON JOSÉ 
(calme, mais résolu)
Non! 

ZUNIGA
Si fait! tu partiras. 

DON JOSÉ
Je ne partirai pas. 

ZUNIGA 
(le frappant)
Drôle! 

DON JOSÉ 
(sautant sur son sabre)
Tonnerre!.. 
Il va pleuvoir des coups! 

(Le lieutenant dégaine à moitié)

CARMEN 
(se jetant entre eux deux)
Au diable le jaloux!

(appelant)

À moi! à moi! 

(Le Dancaïre, le Remendado, Mercédès,
Frasquita, les Bohémiens paraissent de 
tous les côtés. Carmen d'un geste montre le
lieutenant aux Bohémiens; le Dancaïre et le
Remendado se jettent sur lui, le désarment)

CARMEN 
(à Zuniga d'un ton moqueur)
Bel officier, bel officier, l'amour
vous joue en ce moment 
un assez vilain tour!
Vous arrivez fort mal!
et nous sommes forcés,
ne voulant être dénoncés,
de vous garder au moins... 
pendant une heure. 

REMENDADO, DANCAIRE
(à Zuniga, le pistolet à la main,
gracieusement]
Mon cher monsieur!
nous allons, s'il vous plaît,
quitter cette demeure;
Vous viendrez avec nous!

CARMEN
C'est une promenade!

REMENDADO, DANCAIRE
Consentez-vous?
Répondez, camarade! 

BOHÉMIENS
Répondez, camarade! 

ZUNIGA
Certainement.

(avec ironie)

D'autant plus que votre argument
est un de ceux auxquels 
on ne résiste guère!

(changeant de ton])

Mais gare à vous plus tard! 

DANCAIRE 
La guerre, c'est la guerre!
En attendant, mon officier,
passez devant sans vous faire prier! 

REMENDADO, BOHÉMIENS
Passez devant sans vous faire prier! 

(L'officier sort emmené par bohémiens)

CARMEN 
(à don José)
Es-tu des nôtres maintenant? 

DON JOSÉ
Il le faut bien! 

CARMEN
Ah! le mot n'est pas galant!
Mais, qu'importe! 
Va... tu t'y feras
quand tu verras
comme c'est beau, 
la vie errante!
Pour pays tout l'univers, 
et pour loi ta volonté!
Et surtout, 
la chose enivrante:
la liberté! la liberté! 

TOUS (excepté don José)
Suis-nous à travers la campagne,
viens avec nous dans la montagne,
suis-nous et tu t'y feras, tu t'y feras
quand tu verras, là-bas,
comme c'est beau,
la vie errante, 
pour pays l'univers,
et pour loi ta volonté;
et surtout, la chose enivrante:
La liberté! La liberté!

DON JOSÉ 
(entraîné)
Ah! ¡La liberté!

TOUS
Le ciel ouvert, la vie errante,
pour pays tout l'univers,
pour loi la volonté!
et surtout, 
la chose enivrante:
La liberté! La liberté!
La vie errante, le ciel ouvert,
pour pays tout l'univers,
pour loi la volonté!
Et surtout, 
la chose enivrante:
La liberté! La liberté!
  
Escena Sexta

17: Final

ZÚÑIGA
(desee fuera)
¡Hola, Carmen, hola, hola!

DON JOSÉ
¿Quién llama? ¿quién es?

CARMEN
¡Cálmate... cálmate!

ZÚÑIGA
(entra, forzando la puerta)
¡Abro yo mismo... y entro!

(viendo a Don José, a Carmen)

¡Ah, vaya, vaya, bonita!
¡La elección no es muy acertada!
Rebajarte a tener a un soldado,
pudiendo tomar a un oficial.

(a Don José)

¡Vamos, fuera de aquí!

DON JOSÉ
(tranquilo pero con resolución)
¡No!

ZÚÑIGA
¡Oh, sí: te marcharás!

DON JOSÉ
No me iré.

ZÚÑIGA
(golpeando a don José)
¡Bribón!

DON JOSÉ
(desenvainando su espada)
¡Rayos...
... ahora realmente pelearemos!

(Zúñiga saca su espada también)

CARMEN
(interponiéndose entre ambos)
¡Al diablo con el celoso!

(gritando)

¡Ayuda, ayuda!

(Dancaïre, Remendado, Mercedes,
Frasquita, gitanos y gitanas entran 
de todos lados. A un gesto de
Carmen, Dancaïre y Remendado
desarman a Zúñiga)

CARMEN
(A Zúñiga)
Bello oficial, el amor
te ha gastado 
una mala pasada
¡llegaste en mal momento 
y nos vemos forzados
pues no queremos ser descubiertos,
a retenerte al menos...
durante una hora!

REMENDADO, DANCAIRE
(a Zúñiga pistola en mano
y muy corteses)
Querido señor,
Debemos, si le parece bien, 
irnos ahora,
¡y usted vendrá con nosotros!

CARMEN
¡Es solo un paseo!

REMENDADO, DANCAIRE
¿Estás de acuerdo? 
Responde, camarada.

GITANOS
Responde, camarada.

ZÚÑIGA
Por supuesto,

(con ironía)

tanto más cuanto que 
a su argumento
es difícil que alguien se resista

(cambiando de tono)

Pero... ¡tened cuidado después!

DANCAIRE
¡La guerra es la guerra!
Mientras tanto, oficial,
¡Vaya delante sin hacer alboroto!

REMENDADO, GITANOS
¡Vaya delante sin hacer alboroto!

(Zúñiga sale escoltado por gitanos)

CARMEN
(a Don José)
¿Eres uno de nosotros ahora?

DON JOSÉ
¡No tengo otra opción!

CARMEN
¡Ah, eso no es muy galante!
Pero, no importa... 
ven y disfrutarás
cuando veas
¡cómo es de bella, 
la vida errante! 
por país, el universo...
¡Y por ley, tu voluntad!
Y sobre todo
el deleite mas embriagador:
¡la libertad, la libertad!

TODOS (excepto don José)
Síguenos a través de la campiña,
ven con nosotros a la montaña,
disfrutarás cuando veas,
allá,
como es de bella, la vida errante,
por país, el universo, 
por ley, tu voluntad!
Y sobre todo,
lo más embriagador:
¡La libertad! ¡La libertad!

DON JOSÉ
(entusiasmado)
¡Ah! ¡La libertad!

TODOS
El cielo abierto, la vida errante
por país todo el universo, 
¡por ley , la voluntad!
Y sobre todo,
lo más embriagador:
¡La libertad! ¡La libertad!
La vida errante, el cielo abierto,
por país todo el universo, 
¡por ley , la voluntad!
Y sobre todo,
lo más embriagador:
¡La libertad! ¡La libertad!
  
ACTE TROISIÈME


Scène Première

18. Introduction

(Le rideau se lève sur des rochers. Site
 pittoresque et sauvage. Solitude complète
et nuit noire. Un contrebandier paraît au 
haut des rochers, et sonne de la trompe, 
puis un autre, puis deux autres, puis vingt
autres ça et là, descendant et escaladant
des rochers. Des hommes portent de gros
ballots sur les épaules.)

CHOEUR
Écoute, compagnon, écoute!
La fortune est là-bas, là-bas!
mais prends garde, pendant la route,
prends garde de faire un faux pas!

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN, 
DON JOSÉ, REMENDADO, DANCAIRE
Notre métier est bon, 
mais pour le faire il faut
avoir une âme forte!
Et le péril, le péril est en haut,
il est en bas, il est en haut,
il est partout, qu'importe!
Nous allons devant nous
sans souci du torrent!
Sans souci de l'orage,
sans souci du soldat 
qui là-bas nous attend,
et nous guette au passage!
Sans souci 
nous allons en avant!

TOUS
Écoute, compagnon, écoute!
La fortune est là-bas, là-bas!
Mais prends garde, pendant la route,
prends garde de faire un faux pas!

DANCAIRE
Halte! nous allons nous arrêter ici... 
ceux qui on sommeil pourront dormir
pendant une heure... 

Scène Seconde

(quelques bohémiens allument un feu 
près duquel Mercédès et Frasquita
viennent s'asseoir, les autres se couchent)

DON JOSÉ
Voyons, Carmen... faisons la paix. 

CARMEN
Non. 

DON JOSÉ
Tu ne m'aimes plus alors? 

CARMEN
Ce qui est sûr c'est que je t'aime 
beaucoup moins qu'autrefois... 
Ce que je veux, c'est être libre 
et faire ce qui me plaît. 

DON JOSÉ
Tu es le diable, Carmen? 

CARMEN
Oui,... à quoi penses-tu?.. 

DON JOSÉ
A une bonne vielle femme 
qui croit que je suis encore 
un honnête homme. 

CARMEN
Ta mère... 
tu ne ferais pas mal d'aller la retrouver...

DON JOSÉ
Carmen... 
Si tu me parles encore de nous séparer...

CARMEN
Tu me tuerais, peut-être?..

DON JOSÉ
Tu es le diable, Carmen!... 

CARMEN
Mais oui, je te l'ai déjà dit... 

(Elle tourne le dos à José et va s'asseoir près 
de Mercédès et de Frasquita. Après un instant
d'indécision, José s'éloigne à son tour et va 
s'étendre sur les rochers. Pendant les dernières 
répliques de la scène, Mercédès et Frasquita ont 
étalé des cartes devant elles)

19. Trio

FRASQUITA, MERCÉDÈS
Mêlons! Coupons!
Bien! c'est cela!
Trois cartes ici,
quatre là!
Et maintenant, parlez, mes belles,
de l'avenir, donnez-nous des nouvelles.
Dites-nous qui nous trahira!
Dites-nous qui nous aimera!
Parlez, parlez!

MERCÉDÈS 
Moi, je vois un jeune amoureux
qui m'aime on ne peut davantage; 

FRASQUITA
Le mien est très riche et très vieux;
mais il parle de mariage! 

MERCÉDÈS 
(fièrement)
Je me campe sur son cheval
et dans la montagne il m'entraîne! 

FRASQUITA
Dans un château presque royal,
le mien m'installe en souveraine! 

MERCÉDÈS
De l'amour à n'en plus finir,
tous les jours, nouvelles folies! 

FRASQUITA 
(avec joie)
De l'or tant que j'en puis tenir,
des diamants, des pierreries! 

MERCÉDÈS
Le mien devient un chef fameux,
cent hommes marchent à sa suite! 

FRASQUITA
Le mien... le mien... 
en croirai-je mes yeux?.. oui... 
Il meurt!

(avec ivresse)

Ah! je suis veuve et j'hérite! 

FRASQUITA, MERCÉDÈS
Ah! Parlez encor, 
parlez, mes belles,
de l'avenir, donnez-nous des nouvelles.
Dites-nous qui nous trahira!
Dites-nous qui nous aimera!
Parlez encor! parlez encor!

(Elles recommencent à 
consulter les cartes)

FRASQUITA
Fortune! 

MERCÉDÈS
Amour! 

CARMEN
Donnez, que j'essaie à mon tour.

(Elle se met à tourner les cartes)

Carreau! Pique! La mort!...
J'ai bien lu!.. moi d'abord...
Ensuite lui...
Pour tous les deux la mort!
En vain, pour éviter 
les réponses amères,
en vain tu mêleras!
Cela ne sert à rien, 
les cartes sont sincères
et ne mentiront pas!
Dans le livre d'en haut 
si ta page est heureuse,
mêle et coupe sans peur,
la carte sous tes doigts 
se tournera joyeuse,
t'annonçant le bonheur.
Mais si tu dois mourir, 
si le mot redoutable
est écrit par le sort,
recommence vingt fois, 
la carte impitoyable répétera: 
la mort!

(tournant les cartes)

encor!.. encor!.. 
toujours la mort!

FRASQUITA, MERCÉDÈS
Parlez encor, parlez, mes belles,
de l'avenir, donnez-nous des nouvelles.
Dites-nous qui nous trahira!
Dites-nous qui nous aimera!
Parlez encor! parlez encor!

CARMEN
Encor! Encor!
Le désespoir!
La mort! la mort!
encor... la mort!

FRASQUITA
Fortune!

MERCÉDÈS
Amour!

CARMEN
Toujours la mort!

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN
Encor! encor!

(Rentrent le Dancaïre et le Remendado)

Scène Troisième

CARMEN
Eh bien?.. 

DANCAIRE
Eh bien, nous avons aperçu 
trois douaniers qui guardaient la brèche 
et qui la gardaient bien

MERCÉDÈS
Savez-vous les noms à ces douaniers?.. 

REMENDADO
Eusebio, Perez et Bartolomé... 

FRASQUITA
Eusebio... 

MERCÉDÈS
Perez... 

CARMEN
Et Bartolomé...

(en riant)

Nous vous en répondons 
de vos trois douaniers... 

DON JOSÉ 
(furieux)
Carmen! 

DANCAIRE
(S'adressant à José)
Tu vas nous laisser tranquilles 
avec ta jalousie... 
Dans le cas où tu apercevrais quelqu'un, 
je t'autorise à passer ta colère 
sur l'indiscret
En route, les enfants...
ACTO TERCERO


Escena Primera

18: Introducción

(Gran roquedal, sitio pintoresco 
y salvaje. Completa soledad. Es 
de noche cerrada. En la cima del
risco un contrabandista aparece 
y haciendo una señal, avanza. Acto
seguido, numerosos contrabandistas
bajan de la cima con enormes cargas
sobre sus hombros.)

CONTRABANDISTAS
¡Escucha, compañero, escucha!
¡La fortuna esta allí!
Pero, ten cuidado con el camino
un paso en falso no vayas a dar.

FRASQUITA, MERCEDES, CARMEN, 
DON JOSÉ, DANCAIRE, REMENDADO
¡Nuestra profesión es buena, 
pero para practicarla
hay que tener un alma fuerte!
Y el peligro, esta allí y acá,
rodeándote 
¡qué importa!
¡Marchamos adelante, 
indiferentes a la corriente
indiferentes a la tormenta,
indiferentes al soldado 
que allí nos espera
y nos bloquea el paso!
Aún así, 
indiferentes: vamos!

TODOS
¡Escucha, compañero, escucha!
¡La fortuna esta allí!
Pero, ten cuidado con el camino
¡un paso en falso no vayas a dar!

DANCAIRE
Reposemos una hora. 
Iremos a ver si el camino esta libre 
y si el contrabando puede pasar.

Escena Segunda

(Algunos gitanos encienden una
hoguera donde Mercedes y Frasquita
se sientan; los demás se acuestan)

DON JOSÉ
Carmen, hagamos las paces.

CARMEN
No.

DON JOSÉ
¿Entonces, ya no me amas?

CARMEN
Una cosa es cierta: 
y es que te amo menos que antes,
¡quiero ser libre 
y hacer lo que me plazca!

DON JOSÉ
¡Eres el diablo, Carmen!

CARMEN
Sí... ¿en qué piensas?...

DON JOSÉ
Pienso en mi madre, 
que todavía sigue creyendo 
que soy un hombre honesto.

CARMEN
¿Tu madre?...
Ve a verla...

DON JOSÉ
Carmen, 
si vuelves a hablarme de separarnos...

CARMEN
¿Me mataras, quizás?

DON JOSÉ
¡Eres el diablo, Carmen!

CARMEN
Si...ya te lo he dicho antes.

(Carmen da la espalda a don José y se
sienta en una fogata, mientras mira
a Mercedes y Frasquita que, sentadas
en el suelo, se agachan y sacan un
mazo de cartas, lo ponen a la luz.
Don José se aleja entre el roquedal)

19: Trío

FRASQUITA, MERCEDES
¡Mezcla! ¡Corta!
¡Bien, ya está!
¡Tres cartas acá,
cuatro allá!
Y ahora, hablad, preciosas,
del porvenir, dadnos noticias.
¡Decidnos quién nos traicionará!
¡Quién nos amará!
¡Hablad, hablad!

MERCEDES
Veo a un joven
que me ama más que nadie;

FRASQUITA
Mi amante es rico y viejo
¡pero habla de matrimonio!

MERCEDES
(con orgullo)
Me siento en su caballo
y me lleva rumbo a las montañas.

FRASQUITA
En un castillo regio
me instala como ama y señora.

MERCEDES
El amor no tiene fin,
todos los días, nueva excitación.

FRASQUITA
(con alegría)
¡Tanto oro como yo quiera,
diamantes y joyas!

MERCEDES
Él mío se vuelve un jefe famoso
y cien hombres marchan tras él.

FRASQUITA
Y el mío... 
¿puedo creer lo que veo?...Sí... 
¡se muere! 

(con alegría)

¡Quedo viuda y heredo su fortuna!

MERCEDES, FRASQUITA
¡Ah! Hablad otra vez, 
hablad, preciosas,
del porvenir, dadnos buenas nuevas.
¡Dinos quien nos traicionará!
¡Dinos quien nos amará!
¡Hablad otra vez, hablad otra vez!

(Comienzan a consultar
las cartas nuevamente)

FRASQUITA
¡Fortuna!

MERCEDES
¡Amor!

CARMEN
Veamos, que me dicen a mí...

(baraja las cartas)

¡Diamantes, espadas... muerte!
¡Lo veo claro... primero, yo misma,
después él... 
para ambos, la muerte!
¡En vano, para evitar 
las amargas respuestas,
en vano, barajarás!
¡No servirá de nada, 
las cartas son sinceras
y no dicen mentiras!
Si en el libro del destino, 
tu página es venturosa,
baraja y corta sin miedo,
bajo tus dedos 
las cartas se volverán alegres,
anunciando la buena fortuna.
Más si debes morir, 
si palabras terribles 
están escritas por el destino,
baraja veinte veces, 
las cartas despiadadas repetirán:
¡Muerte!

(volviendo a barajar)

¡Otra vez... otra vez!
¡Siempre muerte!

FRASQUITA, MERCEDES
¡Ah! Hablad otra vez, preciosas,
del porvenir, dadnos buenas nuevas.
¡Decidnos quién nos traicionará!
¡Quién nos amará!
¡Hablad otra vez, otra vez!

CARMEN
¡Otra vez! ¡Otra vez!
¡La desesperación!
¡Muerte, muerte!
¡Otra vez... muerte!

FRASQUITA
¡Fortuna!

MERCEDES
¡Amor!

CARMEN
¡Siempre muerte!

FRASQUITA, MERCEDES, CARMEN
¡Otra vez! ¡Otra vez!

(vuelven Dancaire y Remendado)

Escena Tercera

CARMEN
¿Y bien?...

DANCAIRE
Y bien, hemos visto 
tres aduaneros vigilando el paso:
¡y vigilándolo muy bien!

MERCEDES
¿Saben sus nombres?

REMENDADO
Son: Eusebio, Pérez y Bartolomé.

FRASQUITA
¡Eusebio!...

MERCEDES
¡Pérez!...

CARMEN
¡Bartolomé!... 

(riendo)

Nosotros responderemos 
por los tres aduaneros.

DON JOSÉ
(furioso)
¡Carmen!

DANCAIRE
(a José)
¡Ya tenemos suficiente 
con tus celos!
En el caso de que venga alguien, 
te autorizo a disparar
sobre el indiscreto. 
¡Vamos, en ruta!
20. Morceau d'Ensemble

FRASQUITA, MERCÉDÈS, 
CARMEN, BOHÉMIENNES
Quant au douanier, 
c'est notre affaire!
Tout comme un autre, 
il aime à plaire,
il aime à faire le galant;
ah! Laissez-nous passer en avant!

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN, 
REMENDADO, DANCAIRE, CHOEUR
Il aime à plaire!

FRASQUITA
Le douanier sera clément!

TOUS
Il est galant!

CARMEN
Le douanier sera charmant!

TOUS
Il aime à plaire!

MERCÉDÈS
Le douanier sera galant!

FRASQUITA
Oui, le douanier sera même entreprenant!

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN
Oui, le douanier, 
c'est notre affaire!
Tout comme un autre, il aime à plaire,
il aime à faire le galant,
laissez-nous passer en avant!

REMENDADO, DANCAIRE, CHOEUR
Quant au douanier, 
c'est leur affaire!
Tout comme un autre, il aime à plaire!
Il aime à faire le galant! 
Laissez-vous passer en avant!

FRASQUITA, MERCÉDÈS, CARMEN
Il ne s'agit pas de bataille;
non, il s'agit tout simplement
de se laisser prendre la taille
et d'écouter un compliment.
S'il faut aller jusqu'au sourire,
que voulez-vous! on sourira!

BOHÉMIENNES
Et d'avance, je puis le dire,
la contrebande passera!
En avant! marchons! 
Allons! en avant!

TOUS
Quant au douanier, 
c'est leur/notre affaire!
Tout comme un autre, il aime à plaire!
Il aime à faire le galant! 
Laissez-vous passer en avant!

(Tout le monde sort. On voit un homme
passer sa tête au-dessus du rocher. 
C'est un guide.)

Scène Quatrième

(Le Guide s'avance avec précaution, puis
fait un signe à Micaëla)

GUIDE
Nous y sommes. 

MICAËLA 
C'est ici. 

GUIDE
Oui, vilain endroit, n'est-ce pas...

MICAËLA
Je ne suis pas facile à effrayer. 

GUIDE
Bien vrai?.. 

MICAËLA
Bien vrai... 

GUIDE
Que tous les saints du paradis 
vous soient en aide...

(Il sort)

Scène Cinquième

21. Air

MICAËLA
Je dis que rien ne m'épouvante,
je dis, hélas! que je réponds de moi;
mais j'ai beau faire la vaillante,
au fond du coeur, 
je meurs d'effroi!
Seule en ce lieu sauvage,
toute seule j'ai peur,
mais j'ai tort d'avoir peur;
vous me donnerez du courage,
vous me protégerez, Seigneur!
Je vais voir de près cette femme
dont les artifices maudits
ont fini par faire un infâme
de celui que j'aimais jadis!
Elle est dangereuse... 
elle est belle!...
Mais je ne veux pas avoir peur!
Je parlerai haut devant elle... ah!
Seigneur, vous me protégerez!
Je dis que rien ne m'épouvante,
je dis, hélas! que je réponds de moi;
mais j'ai beau faire la vaillante,
au fond du coeur je meurs d'effroi!
Seule en ce lieu sauvage,
toute seule j'ai peur,
mais j'ai tort d'avoir peur;
vous me donnerez du courage,
vous me protégerez, Seigneur!
Protégez moi! O Seigneur!

(elle disparaît derrière les rochers.
Entre Escamillo)

Scène Sixième

DON JOSÉ 
(son couteau à la main)
Qui êtes-vous? répondez. 

ESCAMILLO 
(très calm)
Eh là... doucement! 

22. Duo

ESCAMILLO
Je suis Escamillo, torero de Grenade. 

DON JOSÉ
Escamillo! 

ESCAMILLO
C'est moi! 

DON JOSÉ 
Je connais votre nom.
Soyez le bienvenu; 
mais vraiment, camarade,
vous pouviez y rester. 

ESCAMILLO
Je ne vous dis pas non.
Mais je suis amoureux, 
mon cher, à la folie!
Et celui-là serait un pauvre compagnon
qui pour voir ses amours 
ne risquerait sa vie! 

DON JOSÉ
Celle que vous aimez est ici? 

ESCAMILLO
Justement.
C'est une zingara, mon cher... 

DON JOSÉ
Elle s'appelle? 

ESCAMILLO
Carmen. 

DON JOSÉ
Carmen! 

ESCAMILLO
Carmen. oui, mon cher.
Elle avait pour amant,
elle avait pour amant,
un soldat qui jadis a déserté pour elle; 

DON JOSÉ 
(à part)
Carmen! 

ESCAMILLO
Ils s'adoraient! 
Mais c'est fini, je crois,
les amours de Carmen 
ne durent pas six mois. 

DON JOSÉ
Vous l'aimez cependant! 

ESCAMILLO
Je l'aime,
oui, mon cher, je l'aime,
je l'aime à la folie! 

DON JOSÉ
Mais pour nous enlever 
nos filles de Bohême
savez-vous bien qu'il faut payer?... 

ESCAMILLO 
(gaiment)
Soit! on paiera, soit! on paiera. 

DON JOSÉ 
(menaçant)
Et que le prix se paie à coups de navaja! 

ESCAMILLO 
(surpris)
À coups de navaja! 

DON JOSÉ
Comprenez-vous? 

ESCAMILLO
Le discours est très net.

(avec une légère teinte d'ironie)

Ce déserteur, 
ce beau soldat qu'elle aime,
ou du moins qu'elle aimait, 
c'est donc vous? 

DON JOSÉ
Oui, c'est moi-même! 

ESCAMILLO
J'en suis ravi, mon cher! 
et le tour est complet! 

DON JOSÉ
Enfin ma colère
trouve à qui parler,
le sang, je l'espère,
va bientôt couler!
Mettez-vous en garde et veillez sur vous!
Tant pis pour qui tarde
à parer les coups!

ESCAMILLO
Quelle maladresse,
j'en rirais, vraiment!
Chercher la maîtresse
et trouver, trouver l'amant!
Mettez-vous en garde et veillez sur vous!
Mettez-vous en garde,
veillez sur vous!

(Ils se mettent en garde 
à une certaine distance)

ESCAMILLO
Je la connais, ta garde navarraise,
et je te préviens en ami
qu'elle ne vaut rien.

(Sans répondre don José 
marche sur Escmillo)

À ton aise!
Je t'aurai du moins averti. 

(Combat. Le toréro très calme 
cherche seulement à se défendre)

DON JOSÉ
Tu m'épargnes, maudit! 

ESCAMILLO
À ce jeu de couteau
je sui trop fort pour toi! 

DON JOSÉ
Voyons cela! 

(Rapide et très-vif engagement corps 
à corps. José se trouve à la merci du 
torero qui ne le frappe pas.)

ESCAMILLO
Tout beau!
Ta vie est à moi, 
mais en somme,
j'ai pour métier 
de frapper le taureau,
non de trouer le coeur de l'homme! 

DON JOSÉ
Frappe ou bien meurs! 
Ceci n'est pas un jeu! 

ESCAMILLO
Soit! 
Mais au moins, respire un peu! 

DON JOSÉ, ESCAMILLO
En garde! 
Mettez-vous en garde et veillez sur vous!
Tant pis pour qui tarde
à parer les coups!

(reprise du combat. Le torero glisse et
tombe sur le gazon. Don José va le frapper.
Entrent Carmen et le Dancaïre se
précipitent)
  
20: Coro

FRASQUITA, MERCEDES
CARMEN, GITANAS
¡En cuanto al aduanero, 
ese es nuestro trabajo!
Como cualquiera, 
le gusta agradar,
le gusta parecer galante:
¡Déjenos pasar!

FRASQUITA, MERCEDES, CARMEN
DANCAIRE, REMENDADO, CORO
¡Él será agradable!

FRASQUITA
¡El aduanero será amable!

TODOS
¡Serán galantes!

CARMEN
¡Los aduaneros serán encantadores!

TODOS
¡Él será agradable!

MERCEDES
¡Los aduaneros serán galantes!

FRASQUITA
¡Sí, los aduaneros serán muy atentos!

FRASQUITA, MERCEDES, CARMEN
¡En cuanto al aduanero, 
ese es nuestro trabajo!
Como cualquiera, le gusta agradar,
le gusta parecer galante:
¡Déjenos pasar!

DANCAIRE, REMENDADO, CORO
¡En cuanto a los aduaneros, 
ese es su trabajo!
Como a cualquiera, le gusta agradar,
le gusta ser galante:
¡Déjenlas pasar primero!

FRASQUITA, MERCEDES, CARMEN
No se trata de una batalla, no, 
es sólo dejar que ponga el brazo
alrededor de tu cintura 
y de escuchar un cumplido.
Y si hay que llegar hasta una sonrisa,
¡Entonces, sonreiremos!

GITANAS
¡Podéis estar seguros
de que el contrabando pasará!
¡Adelante, marchemos! 
¡Vamos adelante!

TODOS
¡En cuanto a los aduaneros, 
ese es su/nuestro trabajo!
Como a cualquiera, le gusta agradar,
le gusta ser galante:
¡Déjenlas pasar primero!

(Todos salen de escena. Se ve un
hombre salir de detrás de la roca, 
es un guía)

Escena Cuarta

(el guía camina con precaución
seguido por Micaela)

GUÍA
¡Ah, al fin llegamos!

MICAELA
¿Aquí es?

GUÍA
Si... no es un lugar muy alegre.

MICAELA
Yo no le temo.

GUÍA
Realmente, ¿te quedarás?

MICAELA
Si, me quedaré.

GUÍA
Entonces, ¡que todos los santos 
del Paraíso te protejan!

(Se va)

Escena Quinta

21: Aria

MICAELA
Dije que de nada me asustaría
dije, ¡hay!, que respondería de mí:
No importa cuán valiente pretenda ser
¡en el fondo del corazón, 
de miedo me muero!
Sola en este salvaje lugar
Tengo miedo...
pero me equivoco al temer.
¡Tú me das coraje,
Tú me proteges, Señor!
Iré y veré a esa mujer
que con malditos artificios
lo volvió infame 
y acabó con el hombre 
al que una vez amé
¡Es peligrosa... es bellísima!
¡Pero no temeré!
¡Hablaré alto frente a ella... ah!
¡Señor, tu me protegerás, Señor!
Dije que de nada me asustaría
dije, ¡hay!, que respondería de mí:
No importa cuán valiente pretenda ser
¡en el fondo del corazón, 
de miedo me muero!
Sola en este salvaje lugar
Tengo miedo...
pero me equivoco al temer,
¡Tú me das coraje,
Tú me proteges, Señor!

(desaparece tras de los peñascos.
Entra Escamillo)

Escena Sexta

DON JOSE
(con el cuchillo en la mano, grita)
¡Alto! ¿Quién va? ¡Responda!

ESCAMILLO
(con calma)
¡Hey, ahí... tranquilo, amigo!

22: Dúo

ESCAMILLO
¡Soy Escamillo, torero de Granada!

DON JOSÉ
¡Escamillo!

ESCAMILLO
¡Soy yo!

DON JOSÉ
Conozco tu nombre.
Sé bienvenido: 
pero más te hubiera valido, camarada,
quedarte donde estabas.

ESCAMILLO
No te diré que no.
Más estoy, amigo mío, 
locamente enamorado y...
¡Mal enamorado es quien,
por ver a su amada,
no pone en riesgo su vida!

DON JOSÉ
Esa a quién amas, ¿se encuentra aquí?

ESCAMILLO
Justamente.
Es una gitana, amigo mío...

DON JOSÉ
¿Y su nombre...?

ESCAMILLO
Carmen.

DON JOSÉ
¡Carmen!

ESCAMILLO
Carmen. 
Sí, amigo mío... 
ella tenía por amante
a un soldado que desertó por ella.

DON JOSÉ
(aparte)
¡Carmen!

ESCAMILLO
¡Se adoraban! 
Pero se acabó, eso creo.
Los amores de Carmen 
no duran más de seis meses.

DON JOSÉ
¿Y sin embargo la amas?...

ESCAMILLO
La amo,
sí, amigo mío, la amo,
¡la amo locamente!

DON JOSÉ
Pero para llevarse 
a una de nuestras mujeres gitanas
¿Sabes que hay que pagar?...

ESCAMILLO
(alegre)
¡Muy bien, pagaré!

DON JOSÉ
(amenazante)
¡Y que se paga a navajazos!

ESCAMILLO
(sorprendido)
¡A navajazos!

DON JOSÉ
¿Entiendes?

ESCAMILLO
Está muy claro.

(con ironía)

Ese desertor, 
el apuesto soldado que ella ama...
o que al menos ella amó, 
¿eres tú?

DON JOSÉ
Sí, ¡soy yo mismo!

ESCAMILLO
¡Encantado, amigo mío! 
¡El círculo se cierra!

DON JOSÉ
Al fin mi cólera
tiene a quién hablarle,
¡la sangre, eso espero, 
correrá pronto!
¡Ponte en guardia y cuidado!
¡Estás perdido 
si rápido no te defiendes!

ESCAMILLO
¡Que torpeza, 
realmente debería reír!
¡Buscando a la dama, 
me encontré a su amante!
¡Ponte en guardia y cuidado!
¡Estás perdido si rápido 
no te defiendes!

(Se ponen en guardia a una cierta 
distancia uno del otro.)

ESCAMILLO
Conozco como pelean en Navarra,
y te advierto, como amigo,
que no es muy alentador.

(Sin contestar, Don José va 
hacia Escamillo)

¡Cómo quieras!
¡Al menos te lo advertí!

(Comienza el combate. El torero, con
calma, pelea solo defensivamente)

DON JOSÉ
¡Estás siendo noble, maldito!

ESCAMILLO
¡En juegos de cuchillos
soy mucho más fuerte que tú!

DON JOSÉ
¡Veámoslo!

(Combate cuerpo a cuerpo. Don José se
encuentra a merced del torero, pero 
este no quiere herirlo.)

ESCAMILLO
¡Magnífico!
Tu vida esta en mis manos, 
pero francamente, 
mi trabajo es el de matar toros, 
¡no el de agujerear
el corazón de un hombre!

DON JOSÉ
¡Mátame o muere! 
¡Esto no es un juego!

ESCAMILLO
¡Muy bien! 
Pero al menos, respira un poco.

DON JOSÉ, ESCAMILLO
¡En guardia!
¡Ponte en guardia y cuidado!
¡Estás perdido 
si rápido no te defiendes!

(Se reanuda el combate. El torero
resbala y cae al suelo. Don José va a
matarle, cuando Carmen y Dancaire
entran precipitadamente.)
  
23. Final

CARMEN
(arrêtant le bras de don José)
Holà! holà! José! 

(entre Remendado suivi de Frasquita,
Mercédès et des contrebandiers)

ESCAMILLO 
(se relèvant, à Carmen)
Vrai! j'ai l'âme ravie
que ce soit vous, Carmen, 
qui me sauviez la vie! 

CARMEN
Escamillo! 

ESCAMILLO
(à don José)
Quant à toi, beau soldat:
nous sommes manche 
à manche et nous jouerons la belle,
le jour où tu voudras 
reprendre le combat. 

DANCAIRE 
(s'interposant)
C'est bon, c'est bon! plus de querelle!
Nous, nous allons partir.

(Au toréro)

Et toi... et toi l'ami, bonsoir! 

ESCAMILLO
Souffrez au moins qu'avant 
de vous dire au revoir
je vous invite tous aux 
courses de Séville.
Je compte pour ma part y 
briller de mon mieux...

(regardant Carmen)

Et qui m'aime y viendra!

(À Don José qui fait
un geste de menace)

L'ami, tiens-toi tranquille!
J'ai tout dit...
oui, j'ai tout dit...
et je n'ai plus ici 
qu'à faire mes adieux!... 

(Le torero sort très-lentement. Don José
veut s'élancer sur lui, Le Dancaïre et le
Remendado le retiennent)

DON JOSÉ 
(à Carmen, menaçant, 
mais contenu)
Prends garde à toi... Carmen, 
je suis las de souffrir! 

(Carmen lui répond par un léger mouvement 
d'épaules et s'éloigne de lui)

DANCAIRE
En route, en route, il faut partir! 

CHOEUR
En route, en route, il faut partir! 

REMENDADO
Halte! 
quelqu'un est là 
qui cherche à se cacher.

(Il amène Micaëla)

CARMEN
Une femme! 

DANCAIRE
Pardieu! la surprise est heureuse! 

DON JOSÉ 
(reconnaissant Micaëla)
Micaëla! 

MICAËLA
Don José! 

DON JOSÉ
Malheureuse!
Que viens-tu faire ici? 

MICAËLA
Moi! je viens te chercher!
Là-bas est la chaumière
où sans cesse priant,
une mère, ta mère,
pleure, hélas! sur son enfant!
Elle pleure et t'appelle,
elle pleure et te tend les bras!
Tu prendras pitié d'elle,
José, ah! José, tu me suivras! 

CARMEN 
(à Don José, martelé)
Va-t'en, va-t'en, tu feras bien,
notre métier ne te vaut rien! 

DON JOSÉ
(à Carmen)
Tu me dis de la suivre! 

CARMEN
Oui, tu devrais partir! 

DON JOSÉ
Tu me dis de la suivre...
pour que toi tu puisses courir
après ton nouvel amant!
Non! non vraiment!

(résolument])

Dût-il m'en coûter la vie,
non, Carmen, je ne partirai pas!
Et la chaîne qui nous lie
nous liera jusqu'au trépas!...

MICAËLA
Écoute-moi, je t'en prie,
ta mère te tend les bras!
Cette chaîne qui te lie,
José, tu la briseras!

FRASQUITA, MERCÉDÈS, REMENDADO
DANCAIRE, CHOEUR
Il t'en coûtera la vie,
José, si tu ne pars pas,
et la chaîne qui vous lie
se rompra par ton trépas!

DON JOSÉ 
(à Micaëla)
Laisse-moi!

MICAËLA
Hélas! José!

DON JOSÉ
Car je suis condamné!

FRASQUITA, MERCÉDÈS,
REMENDADO, DANCAIRE, CHOEUR
José! prends garde!

DON JOSÉ 
(à Carmen avec emportement)
Ah! 
Je te tiens, fille damnée!
Je te tiens, et je te forcerai bien
a subir la destinée
qui rive ton sort au mien!
Dût-il m'en coûter la vie,
non, non, non, je ne partirai pas!

FRASQUITA, MERCÉDÈS
REMENDADO, DANCAIRE, CHOEUR
Ah! prends garde, prends garde, Don José!

MICAËLA 
(avec autorité)
Une parole encore;

(tristement)

ce sera la dernière!
Ta mère, hélas!
ta mère se meurt... et ta mère
ne voudrait pas mourir 
sans t'avoir pardonné!

DON JOSÉ
Ma mère! elle se meurt!

MICAËLA
Oui, Don José!

DON JOSÉ
Partons! ah! partons!

(À Carmen)

Sois contente... je pars... 
mais... nous nous reverrons! 

(On entend le torero)

ESCAMILLO 
(au loin)
Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour, l'amour t'attend!
Toréador, l'amour t'attend, 

DON JOSÉ
Micaëla, partons!

(Les Bohémiens ont pris leurs 
ballots et se mettent en marche)
  
23: Final

CARMEN
(deteniendo el brazo de don José)
¡Alto, alto, José!

(Entran Frasquita, Mercedes,
Remendado y los contrabandistas.)

ESCAMILLO
(a Carmen incorporándose)
¡Estoy contento 
de que seas que seas tú, Carmen,
quien me salve la vida!

CARMEN
¡Escamillo!

ESCAMILLO
(a Don José)
En cuanto a ti, soldado,
estamos empatados,
y nos jugaremos la amada
cuando tú decidas 
continuar la lucha.

DANCAIRE
(interponiéndose)
¡Ya esta bien! ¡No mas peleas!
Debemos irnos.

(a Escamillo)

¡Y tú... amigo mío, adiós!

ESCAMILLO
Antes de dejarlos, 
déjenme al menos
invitarlos a todos 
a los toros de Sevilla.
Espero lucirme
Todo lo que pueda...

(mirando a Carmen)

¡y quien me ame, vendrá!

(a don José que hace 
un gesto de amenaza)

¡Amigo, quédate tranquilo!
¡Ya he dicho todo
lo que tenía que decir aquí,
solo me queda decir:
¡adiós!...

(Escamillo se retira lentamente. 
Don José quiere abalanzarse sobre él,
Dancaïre y Remendado lo detienen.)

DON JOSÉ
(a Carmen, amenazador 
pero conteniéndose)
¡Te lo advierto... Carmen, 
estoy cansado de sufrir!

(Carmen le responde con ligero
movimiento de hombros y se aleja)

DANCAIRE
¡En marcha... debemos irnos!

CONTRABANDISTAS
¡En marcha, debemos irnos!

REMENDADO
¡Alto!
Allí hay alguien que 
está tratando de esconderse!

(Remendado trae a Micaela.)

CARMEN
¡Una mujer!

DANCAIRE
¡Por Dios, que agradable sorpresa!

DON JOSÉ
(reconociendo a Micaela)
¡Micaela!

MICAELA
¡Don José!

DON JOSÉ
¡Infortunada muchacha!
¿Qué vienes a hacer aquí?

MICAELA
¿Yo? Vine a buscarte,
allí abajo esta la cabaña
donde constantemente reza
una madre,... tu madre
que llora, ¡hay!, por su hijo
que llora y lo llama,
que llora y le tiende sus brazos.
Ten piedad de ella,
José, ¡ah, debes volver conmigo!

CARMEN
(a don José)
¡Vete, vete! Será lo mejor,
¡nuestro trabajo no te sienta bien!

DON JOSÉ
(a Carmen)
¡Dices que me vaya...!

CARMEN
¡Sí, debes irte!

DON JOSÉ
¡Dices que me vaya...
para que puedas correr
tras tu nuevo amante!
¡No! ¡No, nunca!

(decididamente)

¡Aunque me cuesta la vida,
no, Carmen, no me iré!
¡La cadena que nos une
nos mantendrá unidos hasta la muerte! 

MICAELA
Escúchame, te lo ruego,
¡tu madre te tiende sus brazos!
Esa cadena que os une,
José, ¡debes romperla!

FRASQUITA, MERCEDES, DANCAIRE, 
REMENDADO, CONTRABANDISTAS
Te costará la vida,
José, si no te marchas,
y la cadena que os une
¡se romperá con tu muerte!

DON JOSÉ
(a Micaela)
¡Déjame!

MICAELA
¡Ay, José!

DON JOSÉ
¡Estoy condenado!

FRASQUITA, MERCEDES, DANCAIRE, 
REMENDADO, CONTRABANDISTAS
¡José, ten cuidado!

DON JOSÉ
(a Carmen, arrebatado)
¡Ah!
¡Te tengo, endiablada mujer!
¡Y te forzaré
a someterte al destino
que te une al mío!
¡Aunque me cuesta la vida,
no, yo no me iré!

FRASQUITA, MERCEDES
DANCAIRE, REMENDADO, CORO
¡Ah, ten cuidado, don José!

MICAELA
(con autoridad)
¡Una palabra más: 

(tristemente)

ésta será la última!
¡Ay, tu madre...
tu madre se muere... 
no desea morir 
sin perdonar a su hijo!

DON JOSÉ
¡Mi madre! ¡Se muere!

MICAELA 
¡Sí, don José!

DON JOSÉ
¡Partamos!

(a Carmen)

¡Quédate contenta... me iré... 
mas... nos volveremos a ver!

(voz de Escamillo a distancia)

ESCAMILLO
(a lo lejos)
¡Toreador, en guardia!
¡Toreador, toreador!
Y recuerda, sí, 
Y recuerda que al torear,
unos dos ojos negros te miran,
¡y que el amor te espera, toreador! 
¡El amor, te espera el amor!

DON JOSÉ
¡Micaela, vámonos!

(Los gitanos recogen los cargamentos
deprisa y reanudan su marcha.)
  
Deuxième Tableau

(Une place à Séville. L'entrée du cirque est
fermée par un long velum. C'est le jour d'un
combat de taureaux. Grand mouvement sur
la place)

Scène Première

24. Choeur

MARCHANDS
À deux cuartos! À deux cuartos!
Des éventails pour s'éventer!
Des oranges pour grignotter!
Le programme avec les détails!
Du vin! De l'eau! Des cigarettes!
Séñoras et Caballeros! 

(Pendant le choeur, paraissent Zuniga 
et Andrès avec Mercédès et Frasquita)

ZUNIGA 
(aux marchandes)
Des oranges... vite.

PLUSIEURS MARCHANDES
En voici...
Prenez, prenez, mesdemoiselles. 

UNE MARCHANDE
(à l'officier qui paie)
Merci, mon officier, merci!

MARCHANDES
(à Zuniga)
Celles-ci, séñor, sont plus belles!

MARCHANDES
Des éventails pour s'éventer!
Des oranges pour grignoter!
Le programme avec les détails!
Du vin! De l'eau! Des cigarettes!

ANDRÈS
Holà! des éventails!

UN BOHÉMIEN
Voulez-vous aussi des lorgnettes? 

MARCHANDES
À deux cuartos! Voyez! 
Séñoras et Caballeros!
Voyez! voyez!

ZUNIGA
Qu'avez-vous donc fait de la Carmencita? 
Je ne la vois pas. 

FRASQUITA
Nous la verrons tout à l'heure... 
Escamillo est ici, 
la Carmencita ne doit pas être loin.

ANDRÈS
Ah! c'est Escamillo, maintenant?.. 

MERCÉDÈS
Elle en est folle... 

FRASQUITA
Et son ancien amoureux José, 
sait-on ce qu'il est devenu? 

ZUNIGA
Il a reparu dans le village 
où sa mère habitait... 
l'ordre avait même été donné de l'arrêter,
mais quand les soldats sont arrivés, 
José n'était plus là... 

MERCÉDÈS
En sorte qu'il est libre? 

ZUNIGA
Oui, pour le moment. 

FRASQUITA
Hum! je ne serais pas tranquille 
à la place de Carmen, 
je ne serais pas tranquille du tout. 

25. Choeur et Scène

ENFANTS
(au dehors)
Les voici, les voici,
voici la quadrille! 

(Entrée des enfants)

ENFANTS, CHOEUR
Les voici! voici la quadrille,
la quadrille des toreros.
Sur les lances, le soleil brille!
En l'air toques et sombreros!
Les voici, voici la quadrille,
la quadrille des toreros!

(Défilé de la quadrille. Entrée 
des alguazils)

Voici, débouchant sur la place,
voici d'abord, marchant au pas,
l'alguazil à vilaine face.
À bas! à bas! à bas! à bas!

(Entrée des chulos)

Et puis saluons au passage,
saluons les hardis chulos!
Bravo! viva! gloire au courage!
Voici les hardis chulos! 

(entrée des banderillos

Voyez les banderilleros,
voyez quel air de crânerie!
Voyez quels regards, et de quel éclat
étincelle la broderie
de leur costume de combat!
Voici les Banderilleros! 

(Entrée des picadors)

Une autre quadrille s'avance!
Voyez les picadors! 
Comme ils sont beaux!
Comme ils vont du fer de leur lance
harceler le flanc des taureaux!
L'Espada! Escamillo!

(Paraît enfin Escamillo ayant près 
de lui Carmen radieuse et dans un 
costume éclatant)

C'est l'Espada, la fine lame,
celui qui vient terminer tout,
qui paraît à la fin du drame
et qui frappe le dernier coup!
Vive Escamillo!
Ah! Bravo!
Les voici, voici la quadrille,
la quadrille des toreros!
Sur les lances, le soleil brille!
en l'air toques et sombreros!
Les voici, voici la quadrille,
la quadrille des toreros!
Escamillo! Bravo!
Vive Escamillo! Ah!
Bravo! Vive! Bravo!

ESCAMILLO 
(à Carmen)
Si tu m'aimes, Carmen,
tu pourras, tout à l'heure,
être fière de moi!

CARMEN
Ah! je t'aime, Escamillo, 
je t'aime, et que je meure
si j'ai jamais aimé quelqu'un autant que toi!

CARMEN, ESCAMILLO
Ah! je t'aime!
Oui, je t'aime!

(Paraissent deux trompettes 
suivis de quatre alguazils)

ALGUAZILS
Place! place! place au seigneur Alcade!

ENFANTS
L'alcade!

CHOEUR
Pas de bousculade!
Regardons passer et se prélaser
notre aimable alcade!

ALGUAZILS
Place! place! place au seigneur Alcade! 

FRASQUITA
Carmen, un bon conseil... 
ne reste pas ici. 

CARMEN
Et pourquoi, s'il te plaît? 

MERCÉDÈS
Il est là... 

CARMEN
Qui donc? 

MERCÉDÈS
Lui!... Don José! 
Dans la foule il se cache, 
regarde... 

CARMEN
Oui, je le vois. 

FRASQUITA
Prends garde! 

CARMEN
Je ne suis pas femme à trembler devant lui...
Je l'attends et je vais lui parler. 

MERCÉDÈS
Carmen, crois-moi, prends garde! 

CARMEN
Je ne crains rien! 

FRASQUITA
Prends garde! 

(L'Alcade est entré dans le cirque. Derrière
l'alcade, le cortège de la quadrille reprend
sa marche et entre dans le cirque. Le
populaire suit et la foule en se retirant 
a dégagé don José. Carmen et don José
restent seules, en présence l'un de l'autre.
  
Segundo Cuadro

(plaza de toros de  Sevilla, la entrada
al ruedo está cerrada por un amplio
velo. Es el día de la corrida. Mucha
actividad.)

Escena Primera

24: Coro

VENDEDORES
¡A dos cuartos! ¡A dos cuartos!
¡Los abanicos para abanicarse!
¡Naranjas para succionar!
¡El programa con detalles!
¡Vino! ¡Agua! ¡Cigarrillos!
¡Señoras y Caballeros!

(Zúñiga y Andrés entran con
Mercedes y Frasquita.)

ZÚÑIGA
(a las vendedoras)
¡Naranjas... rápido!

ALGUNAS VENDEDORAS
¡Aquí están,
tomen, tomen, señoritas!

UNA VENDEDORA
(al oficial, que paga)
¡Gracias, mi oficial, gracias!

VENDEDORAS 
(a Zúñiga)
¡Estas de acá, señor, son más bellas!

VENDEDORES
¡Los abanicos para abanicarse!
¡Naranjas para succionar!
¡El programa con detalles!
¡Vino! ¡Agua! ¡Cigarrillos!

ANDRÉS
¡Hey, aquí! ¡Los abanicos!

UN GITANO
¿Quiere usted también unos anteojos?

VENDEDORES
¡A dos cuartos! ¡Miren!
¡Señoras y Caballeros!
¡Miren! ¡Miren!

ZÚÑIGA
¿Qué habéis hecho con Carmencita? 
No la veo.

FRASQUITA
La hemos visto hace un instante... 
Escamillo está acá, así que 
Carmencita no puede estar muy lejos.

ANDRÉS
¡Ah! ¿Ahora es Escamillo?

MERCEDES
Ella lo persigue locamente...

FRASQUITA
Y su antiguo amante José...
¿alguien sabe lo que pasó con él?

ZÚÑIGA
Regresó a la aldea 
donde vive su madre... 
Dieron la orden de detenerlo, 
pero cuando los soldados llegaron allí,
José ya no estaba...

MERCEDES
¿Entonces está libre?

ZÚÑIGA
Sí, por el momento.

FRASQUITA
¡Hum! Yo que Carmen
no estaría tranquila...
no estaría en lo absoluto tranquila.

25: Coro y Escena

NIÑOS
(desde afuera de escena)
¡Aquí están! ¡Aquí están!
¡Aquí está la cuadrilla!

(Los niños entran a escena.)

CORO, NIÑOS
¡Aquí están, aquí está la cuadrilla!
¡La cuadrilla de toreros!
¡El sol brilla en las picas!
¡Tiren al aire gorros y sombreros!
¡Aquí están, aquí está la cuadrilla!
¡La cuadrilla de toreros!

(El paseillo comienza: abren 
la marcha los alguaciles)

Aquí están entrando en la plaza.
Va primero, marcando el paso,
el alguacil con cara de villano.
¡Abajo con él! ¡Abajo con él!

(Entrada de los peones)

¡Y saludemos el pasar,
saludemos a los valientes peones!
¡Bravo! ¡Viva! ¡Gloria al coraje!
¡Aquí están los valientes peones!

(Entrada de los banderilleros.)

¡Miren a los banderilleros!
¡Miren qué fanfarrones!
¡Las miradas intrépidas 
y los luminosos destellos del bordado
de sus trajes de luces!
¡Aquí están los banderilleros!

(Entrada de los picadores.)

¡Otra cuadrilla avanza!
¡Aquí están los picadores! 
¡Que hermosos!
¡Con el hierro de sus puyas
pican los lomos del toro!
¡El diestro! ¡Escamillo!

(Escamillo aparece, acompañado 
de Carmen, quien está radiante y
magníficamente vestida.)

Este es el diestro, el espada,
que viene a acabar con todo,
que aparece al final del drama
¡y es quien dará el último golpe!
¡Viva Escamillo!
¡Ah! ¡Bravo!
¡Aquí están, aquí esta la cuadrilla!
¡La cuadrilla de toreros!
¡El sol brilla en las picas!
¡Tiren al aire gorros y sombreros!
¡Aquí están, aquí está la cuadrilla!
¡La cuadrilla de toreros!
¡Escamillo! ¡Bravo!
¡Viva Escamillo! ¡Ah!
¡Bravo! ¡Viva! ¡Bravo!

ESCAMILLO
(a Carmen)
¡Si tú me amas, Carmen, 
podrás pronto
estar orgullosa de mí!

CARMEN
¡Ah, yo te amo, Escamillo, 
te amo y moriría
si amara a alguien más que a ti!

CARMEN, ESCAMILLO
¡Ah, yo te amo!
¡Sí, yo te amo!

(aparecen dos trompetas 
seguidas de cuatro alguaciles)

ALGUACILES
¡Paso, paso al Señor Alcalde!

NIÑOS
¡El Alcalde!

CORO
¡No empujen!
¡Mirad cómo pasa y se pavonea
nuestro amable alcalde!

ALGUACILES
¡Paso, paso al Señor Alcalde!

FRASQUITA
¡Carmen, un buen consejo... 
no te quedes aquí!

CARMEN
¿Y por que, si puede saberse?

MERCEDES
Él esta acá...

CARMEN
¿Quién?

MERCEDES
¡Él!...¡Don José!
Entre la muchedumbre se esconde.
¡Observa!...

CARMEN
¡Sí, lo veo!

FRASQUITA
¡Ten cuidado!

CARMEN
No soy mujer que tiemble frente a él...
Lo esperaré y hablaré.

MERCEDES
¡Carmen, créeme: ten mucho cuidado!

CARMEN
¡No le temo a nada!

FRASQUITA
¡Ten cuidado!

(El alcalde entra a la plaza, detrás 
de él, le sigue la cuadrilla que
reanuda la marcha. La muchedumbre
entra a la plaza, dejando ver a don
José. Solamente quedan en escena
don José y Carmen.)
  
Scène Seconde

26. Duo final

CARMEN
C'est toi! 

DON JOSÉ
C'est moi! 

CARMEN
L'on m'avait avertie que tu n'étais pas loin,
que tu devais venir; l'on m'avait même dit 
de craindre pour ma vie;
mais je suis brave! je n'ai pas voulu fuir! 

DON JOSÉ
Je ne menace pas! 
j'implore... je supplie!
Notre passé, Carmen, je l'oublie!...
Oui, nous allons tous deux
commencer une autre vie,
loin d'ici, sous d'autres cieux! 

CARMEN
Tu demandes l'impossible!
Carmen jamais n'a menti!
Son âme reste inflexible;
entre elle et toi... c'est fini!
Jamais je n'ai menti!
entre nous c'est fini! 

DON JOSÉ
Carmen, il est temps encore,
O ma Carmen, laisse-moi
te sauver, toi que j'adore,
et me sauver avec toi! 

CARMEN
Non! je sais bien que c'est l'heure,
je sais bien que tu me tueras;
mais que je vive ou que je meure,
non, non, non, je ne te céderai pas!

DON JOSÉ
Ah! il est temps encore...
oui, il est temps encore...
O ma Carmen, laisse-moi
te sauver, toi que j'adore!
et me sauver avec toi...

CARMEN
Pourquoi t'occuper encore
d'un coeur qui n'est plus à toi!
En vain tu dis: je t'adore!
Tu n'obtiendras rien, non, rien de moi,
ah! c'est en vain...

DON JOSÉ
(avec anxiété)
Tu ne m'aimes donc plus?

CARMEN 
(simplement)
Non! je ne t'aime plus. 

DON JOSÉ 
(avec passion)
Mais moi, Carmen, je t'aime encore,
Carmen, hélas! moi, je t'adore!

CARMEN
A quoi bon tout cela? 
Que de mots superflus! 

DON JOSÉ
Carmen, je t'aime, je t'adore!
Eh bien! S'il le faut, pour te plaire,
je resterai bandit... 
tout ce que tu voudras...
Tout! tu m'entends... tout! 
Mais ne me quitte pas,
o ma Carmen! 
souviens-toi du passé! 
Nous nous aimions, naguère!

[désespéré]

Ah! ne me quitte pas, Carmen,
ah! ne me quitte pas! 

CARMEN
Jamais Carmen ne cédera!
Libre elle est née et libre elle mourra! 

CHOEUR
(dans le cirque)
Viva! la course est belle!
Sur le sable sanglant
le taureau qu'on harcèle
s'élance en bondissant...
Frappé juste en plein coeur!
Viva! Bravo! Victoire!

(En entendant les cris de victoire, Carmen 
a laissé échapper un ``Ah!'' d'orgueil et de
joie. Don José ne perd pas Carmen de vue.
Carmen fait un pas du côté du cirque. )

DON JOSÉ 
(se plaçant devant elle)
Où vas-tu? 

CARMEN
Laisse-moi. 

DON JOSÉ
Cet homme qu'on acclame,
c'est ton nouvel amant! 

CARMEN 
(voulant passer)
Laisse-moi... laisse-moi... 

DON JOSÉ
Sur mon âme,
Tu ne passeras pas,
Carmen, c'est moi que tu suivras! 

CARMEN
Laisse-moi, don José, je ne te suivrai pas. 

DON JOSÉ
Tu vas le retrouver, dis...
tu l'aimes donc? 

CARMEN
Je l'aime!
Je l'aime et devant la mort même,
je répéterais que je l'aime! 

CHOEUR
(dans le cirque)
Viva! Bravo! Victoire!
Frappe juste en plein coeur!
Le taureau tombe! Gloire!
Gloire au torero vainqueur!

DON JOSÉ 
(avec violence)
Ainsi, le salut de mon âme
je l'aurai perdu pour que toi,
pour que tu t'en ailles, infâme,
entre ses bras rire de moi!
Non, par le sang, tu n'iras pas!
Carmen, c'est moi que tu suivras! 

CARMEN
Non, non! jamais! 

DON JOSÉ
Je suis las de te menacer! 

CARMEN
(avec colère)
Eh bien! frappe-moi donc, 
ou laisse-moi passer. 

CHOEUR
Victoire!

DON JOSÉ 
(éperdu)
Pour la dernière fois, démon,
veux-tu me suivre? 

CARMEN
Non! non!
Cette bague, autrefois, 
tu me l'avais donnée...

(elle la jette à la volée)

Tiens!

DON JOSÉ 
(José a frappé Carmen)
Eh bien! damnée!

(Elle tombe morte...)

CHOEUR
(dans le cirque)
Victoire! Bravo! Ah!

(don José, éperdu, s'agenouille 
auprès d'elle)

Toréador, en garde!
Toréador! Toréador!
Et songe bien, oui, 
songe en combattant
qu'un oeil noir te regarde
et que l'amour t'attend,
Toréador, l'amour t'attend! 

(Le vélum s'ouvre; Escamillo 
paraît entouré de la foule qui 
l'acclame)

DON JOSÉ 
(se levant)
Vous pouvez m'arréter... 
c'est moi qui l'ai tuée!
Ma Carmen adorée! 

Fin
Escena Segunda

26: Dúo Final

CARMEN
¡Eres tu!

DON JOSÉ
¡Soy yo!

CARMEN
Me han advertido
que me fuera, que tú estabas aquí,
He temido por mi propia vida;
¡pero soy valiente, no huyo de nadie!

DON JOSÉ
¡Ya no te amenazo... 
te imploro... te suplico!
¡Olvidemos el pasado, Carmen!
¡Sí, juntos los dos
podremos comenzar otra vida,
lejos de aquí, bajo otros cielos!

CARMEN
¡Tú me pides lo imposible!
¡Carmen jamás ha mentido!
¡Su corazón es inflexible;
entre tú y ella... todo terminó!
¡Jamás he mentido!
¡Entre nosotros, todo ha terminado!

DON JOSÉ
Carmen, todavía queda tiempo...
¡Oh mi Carmen, déjame
que te salve, que te adore
y salvarme contigo!

CARMEN
¡No! Sé que esta es la hora,
sé bien que tú me matarás,
pero ni viva ni muerta...
¡no, no cederé jamás!

DON JOSÉ
¡Ah, todavía queda tiempo!... 
¡Si, todavía queda tiempo!... 
¡Oh mi Carmen, déjame
que te salve, que te adore
y salvarme contigo!

CARMEN
¿Por qué cuidas todavía
a un corazón que ya no es tuyo?
En vano dices "¡yo te adoro!"
No obtendrás nada de mí,
ah, en vano...

DON JOSÉ
(con ansiedad)
¿Entonces ya no me amas?

CARMEN
(con serenidad)
¡No! Ya no te amo.

DON JOSÉ
(con pasión)
Pero, Carmen, yo todavía te amo,
Carmen, ¡ay: yo te adoro!

CARMEN
¿Para qué todo esto? 
¡Cuantas palabras vanas!

DON JOSÉ
¡Carmen, yo te amo, yo te adoro!
¡Y si es necesario, para complacerte,
seré un bandido... 
haré lo que quieras...
¡Todo, me entiendes!... ¡Todo!
¡Pero no te alejes de mí!
¡Oh, mi Carmen,
recuerda el pasado! 
¡Nos amábamos no hace tanto!

(desesperado)

¡Ah, no te alejes de mí, Carmen, ah!
¡No te alejes de mí!

CARMEN
¡Jamás Carmen cederá!
¡Libre nació y libre morirá!

CORO
(desde adentro de la plaza)
¡Viva! ¡Qué corrida tan bella!
¡En el ensangrentado albero, 
el toro hostigado
embiste furioso!
¡Herido en pleno corazón!
¡Viva! ¡Bravo! ¡Victoria!

(Al oír los gritos de victoria, Carmen
lanza una exclamación de alegría.
Don José no quita su vista de ella que
da un paso en dirección a la plaza.)

DON JOSÉ
(obstruyendo su paso)
¿Adónde crees que vas?

CARMEN
¡Déjame!

DON JOSÉ
¡Ese hombre a quien aclaman,
es tu nuevo amante!

CARMEN
(queriendo pasar)
¡Déjame!

DON JOSÉ
¡Por mi alma,
que no pasarás!
Carmen, ¡conmigo vendrás!

CARMEN
¡Déjame, don José, no iré contigo!

DON JOSÉ
Vas con él, dime entonces... 
¿lo amas?

CARMEN
¡Le amo!
¡Le amo, y aún ante la muerte misma
repetiré que lo amo!

CORO
(desde adentro de la plaza)
¡Viva! ¡Bravo! ¡Victoria!
¡Ha estoqueado en pleno corazón!
¡El toro cae! 
¡Gloria al victorioso torero!

DON JOSÉ
(con violencia)
¡De modo que mi alma 
he perdido por ti...
para que tú te marches, infame,
y entre sus brazos te rías de mí!
¡No, por mi sangre, no irás!
¡Carmen, conmigo tú vendrás!

CARMEN
¡No, no, jamás!

DON JOSÉ
¡Estoy harto de amenazarte!

CARMEN
(con cólera)
¡Entonces, mátame 
o déjame pasar!

CORO
¡Victoria!

DON JOSÉ
(enloquecido)
¡Por última vez, demonio!
¿Vendrás conmigo?

CARMEN
¡No, no!
Este anillo, 
que una vez me diste...

(se lo tira)

¡Tómalo!... 

DON JOSÉ
(clavándole un cuchillo)
¡Bien, endemoniada!

(Carmen cae... y muere.)

CORO
(desde adentro de la arena)
¡Victoria! ¡Bravo! ¡Ah!

(Don José se arroja hacia ella, 
arrodillándose  en el suelo.)

¡Toreador, en guardia!
¡Toreador, toreador!
Y recuerda, sí, 
recuerda al torear
que unos ojos negros te miran.
¡Y que el amor te espera, toreador! 
¡El amor te espera!

(el velo se descorre, Escamillo,
aparece rodeado de la multitud 
que lo aclama)

DON JOSÉ
(levantándose)
Podéis arrestarme... 
¡He sido yo quien la ha matado!
¡Mi adorada Carmen!

Fin